Les rebondissements de l'affaire Strauss-Kahn alimentent toutes les théories possibles en France.

Cette frénésie spéculative touche notamment le Parti socialiste, où certains élus vont désormais jusqu'à évoquer un complot dirigé par le président de la République en personne, Nicolas Sarkozy.

C'est le cas du député Jean-Marie Le Guen, qui a carrément accusé le président, hier, d'avoir joué un rôle déterminant dans la décision de la journaliste française Tristane Banon de porter plainte pour tentative de viol contre DSK.

«Sarkozy avait dit qu'il ferait une campagne trash. Eh bien, la voilà!», a-t-il déclaré hier à la chaîne LCI. Le Guen voit dans cette nouvelle plainte une opération destinée à gêner le retour en France de l'ancien champion socialiste et à l'empêcher de participer à la course présidentielle.

Le député souligne que Mme Banon a écrit à plusieurs reprises pour le site Atlantico, réputé «très proche» de Sarkozy.

La journaliste de 32 ans a fait savoir par son avocat, il y a quelques jours, qu'elle porterait plainte pour des faits survenus en 2002, alors même que la retentissante poursuite contre Dominique Strauss-Kahn pour l'agression sexuelle d'une femme de chambre, à New York, semblait en voie de s'effondrer.

Liens présumés

La vice-présidente socialiste de la région Île-de-France, Michèle Sabban, considère qu'il s'agit d'un «attentat politique». Elle a notamment relevé, sans s'étendre davantage, que le commissaire de police de New York, Ray Kelly, a déjà été décoré de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur.

Le député socialiste de l'Eure, François Loncle, a évoqué pour sa part des liens possibles entre le groupe Accor, propriétaire de l'hôtel Sofitel où a eu lieu la présumée agression, à New York, et «certaines officines françaises».

Selon les médias français, la direction d'Accor a communiqué avec le coordonnateur national du renseignement de l'Élysée une heure après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, mais M. Loncle pense que l'entourage présidentiel a pu jouer un rôle dans le dénouement de l'affaire. «Est-ce qu'il y a eu des consignes de Paris? Tout n'est pas clair dans le comportement des dirigeants du Sofitel et du groupe Accor», a déclaré M. Loncle.

«Accusations odieuses»

Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, a vivement réagi à ces insinuations: «Ou bien M. Loncle a des accusations à porter et il saisit la justice, ou bien il se tait. Ces accusations sont odieuses. La justice américaine, chacun le sait, est totalement indépendante.»

Et mercredi, dans une entrevue à la radio, le secrétaire général du parti de la majorité, Jean-François Copé, a qualifié de «méprisable» cette idée de complot: «Je suis étonné que les amis de Dominique Strauss-Kahn mettent autant de morgue sur un sujet comme celui-là et veuillent défendre cette thèse absurde qui vise à attaquer la droite dans une affaire qui ne concerne exclusivement que la gauche», a-t-il déclaré.