Se présentant comme journaliste, brièvement commentatrice sportive, romancière, Tristane Banon, 32 ans, a tenté de se frayer un chemin dans le monde des médias et de l'édition où elle est dépeinte comme une jeune femme «fragile», marquée par une enfance difficile.

Frêle, le visage pâle, la jeune femme qui a annoncé un dépôt de plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol est plus connue pour ces accusations, ses récits d'enfance maltraitée et sa mère cadre du Parti socialiste (PS), Anne Mansouret, que pour ses articles, sa carrière journalistique ou les trois romans qu'elle a écrits.

Diplômée de journalisme en 2000, elle n'a eu sa carte de presse que brièvement, en 2002. Née en 1979, elle a tout juste 24 ans lorsqu'elle signe en 2003 un contrat avec un éditeur parisien, année où DSK aurait tenté d'abuser d'elle.

Elle est stagiaire à l'hebdomadaire Paris Match puis collabore au quotidien Le Figaro. «Elle écrit beaucoup plus qu'elle n'est journaliste», confirme à l'AFP une de ses amies sous couvert de l'anonymat. Cette «amie» décrit une jeune femme «fiable», ayant «énormément d'humour et de disponibilité», «plutôt battante» qui «n'a jamais fait de tentative de suicide».

«Nous nous sommes connues il y a quatre ans par le biais d'amis communs (...) Ce qui nous a rapprochées c'est la littérature», ajoute-t-elle.

Dans des interviews, Tristane Banon a raconté être proche de Camille, la fille de M. Strauss-Kahn et de sa deuxième épouse, dont elle est la filleule. C'est pour écrire son livre Erreurs avouées (au masculin) (éditions Anne Carrière) qu'elle rencontre DSK à deux reprises, afin de recueillir ses confidences, comme celles du publicitaire Jacques Séguéla ou de l'écrivain Philippe Sollers. Depuis l'affaire DSK, l'ouvrage est épuisé.

Ses premières années semblent la hanter. En 2004, elle publie J'ai oublié de la tuer (éditions Anne Carrière), son premier roman, et raconte dans une interview au présentateur Thierry Ardisson son enfance «saccagée par sa mère». Elle dit alors n'avoir jamais connu son père, avoir été délaissée par sa mère et remise aux mains d'une nounou marocaine l'ayant maltraitée.

Elle dit aussi avoir été victime «d'attouchements» de la part d'un ami de la famille et assure que de nombreux hommes «défilaient» chez sa mère lorsqu'elle était enfant.

Cette mère, Anne Mansouret, conseillère régionale PS de Haute-Normandie, a travaillé dans la communication auprès de grands groupes avant de faire carrière en politique à partir de 1992.

Leur relation est «très particulière», décrit l'amie de Tristane. «Elles peuvent tout se dire de manière très directe, se jeter des choses au visage mais c'est sans jugement, sans reproche».

Mme Mansouret, qui avait dissuadé sa fille de porter plainte contre DSK en 2003, dit aujourd'hui regretter et comprendre la démarche de la jeune femme dont elle a sans doute «sous-estimé le traumatisme».

L'une des relations de Tristane Banon dans le milieu littéraire - elle fut un temps directrice de collection - évoque une jeune femme «très fragile», «traumatisée par la maltraitance» dans son enfance, une personnalité «difficile à cerner».

Des proches de DSK ont également laissé entendre que Tristane Banon pourrait être motivée par des considérations politiques et soulignent qu'elle a collaboré au site d'information Atlantico, récemment créé et proche de la droite au pouvoir.

AFP

La journaliste française Tristane Banon affirme que l'économiste a déjà tenté de la violer.