Les socialistes français affichaient un certain soulagement, vendredi, au lendemain de la décision de remise en liberté surveillée de Dominique Strauss-Kahn, et tentaient de se remettre en ordre de bataille à moins d'un an de la présidentielle de 2012.

«Bonne nouvelle», «soulagement», «il va pouvoir préparer sa défense», déclaraient les amis ou rivaux socialistes de DSK, encore sous le choc des images de celui qui portait la promesse d'une revanche de la gauche, montré après son arrestation comme un vulgaire criminel, menottes aux poignets et l'air hagard.

La justice américaine a accepté jeudi de libérer l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) contre une caution d'un million de dollars (et une garantie supplémentaire de 5 millions) et l'a formellement accusé d'agression sexuelle et assigné à résidence à New York.

La confirmation des charges clarifie le jeu pour les socialistes, qui peuvent désormais se chercher un nouveau champion pour la présidentielle de 2012.

DSK «ne sera pas candidat» aux primaires socialistes qui doivent désigner en octobre le prétendant du PS pour la présidentielle d'avril et mai 2012, a entériné vendredi le député Claude Bartolone.

Ce proche de la patronne du PS Martine Aubry a toutefois reconnu que ces mots restaient «difficiles à articuler pour des socialistes qui voyaient en Dominique Strauss-Kahn celui qui allait leur faciliter les choses, et pour la primaire et pour l'élection».

Plus abrupte, l'ex-candidate socialiste à la présidentielle de 2007 Ségolène Royal a appelé à «passer à autre chose», déplorant que cette affaire «occulte la totalité de l'actualité» au risque de provoquer «une exaspération».

Concernant les primaires, Mme Royal a appelé à «éviter toute décision prise sous le coup de l'émotion» et jugé qu'il fallait «continuer à avancer» selon le calendrier prévu, qui fixe à fin juin le début du dépôt des candidatures et à l'automne la désignation du candidat lors d'un vote ouvert à tous les sympathisants de gauche.

De son côté, le député proche de Dominique Strauss-Kahn Manuel Valls a préconisé de mettre «entre parenthèses» les primaires, arguant du fait que depuis l'arrestation du DSK, «les Français sont K.O.».

«Ce n'est faire injure à personne que de dire qu'aucun d'entre nous n'a, de manière évidente, l'équation gagnante pour 2012», affirme-t-il. Il invite les socialistes à se «parler» et enjoint chacun «à mettre de côté son ambition et sa propre candidature» jusqu'à la fin juin, dans un contexte qui «exige le rassemblement».

C'est dans cette atmosphère de doutes, face à des militants encore en plein désarroi, en colère ou pressés de tourner une page sombre, que le projet du PS pour la présidentielle de 2012 devait être adopté jeudi soir à l'issue d'un vote dont les résultats sont attendus dans la journée.

C'est sur la base de cette feuille de route que le Parti socialiste, premier parti d'opposition, organisera la reconquête du pouvoir, 30 ans après l'accession à l'Élysée de François Mitterrand, premier et seul président de gauche élu au suffrage universel en France.

Note d'espoir pour le PS: le candidat socialiste continuerait d'arriver nettement en tête du premier tour de la présidentielle face à Nicolas Sarkozy, dans les premiers sondages réalisés après la mise hors course de Dominique Strauss-Kahn.

Selon une enquête de l'institut Ipsos publiée jeudi, l'ex-patron du PS François Hollande, considéré comme un social-démocrate modéré, obtiendrait 29% des voix et l'actuelle première secrétaire Martine Aubry, ancrée plus à gauche, 27%. Ils devanceraient tous deux largement Nicolas Sarkozy qui obtiendrait 21% dans le premier cas, 19% dans le second.