Dominique Strauss-Kahn a démissionné hier du Fonds monétaire international (FMI) en raison de sa mise en cause dans une affaire d'agression sexuelle pour laquelle il est désormais formellement inculpé.

L'homme de 62 ans, qui a obtenu sa mise en liberté sous caution, a transmis au conseil d'administration de l'organisation financière internationale une lettre dans laquelle il se dit «contraint» d'abandonner son poste de directeur général.

«Je veux préserver cette institution que j'ai servie avec honneur et dignité et surtout, surtout, je veux consacrer toutes mes forces, tout mon temps et toute mon énergie à démontrer mon innocence», a-t-il indiqué.

«À tous, je veux dire que je réfute avec la plus grande fermeté tout ce qui m'est reproché», a ajouté l'ex-ministre, qui fait face à sept chefs d'accusation relativement à l'agression présumée d'une femme de chambre dans un hôtel Sofitel de Manhattan.

En plus de dévoiler la lettre de démission de Dominique Strauss-Kahn, ses avocats ont présenté hier en cour une requête pour lui permettre de recouvrer la liberté en attendant le dénouement du processus judiciaire.

Ils ont proposé que l'ex-directeur général du FMI demeure sous surveillance électronique dans le logement de sa fille, qui étudie à New York. Ils ont par ailleurs réitéré qu'il était prêt à payer un cautionnement d'un million de dollars.

Mardi, la juge avait refusé de le libérer, arguant qu'il risquait de tenter de prendre la fuite pour retourner en France. Hier, le magistrat entendant la nouvelle requête a évoqué la possibilité que Dominique Strauss-Kahn tente de se réfugier à l'ambassade, en ajoutant qu'il était «difficile, voire impossible» d'obtenir une extradition à partir de son pays natal.

Après s'être retiré une vingtaine de minutes pour analyser le dossier, il a néanmoins accepté de le mettre en liberté en lui imposant la présence constante d'un gardien armé. L'accusé, qui devait passer une dernière nuit en prison, sera de retour en cour le 6 juin pour la lecture de l'acte d'accusation, le grand jury ayant décidé qu'un procès s'imposait après avoir entendu mercredi la présumée victime et considéré les preuves disponibles.

«Il faut tourner la page»

Bien que des partisans de Dominique Strauss-Kahn continuent d'espérer un revirement soudain de situation, la décision risque de rendre techniquement impossible son retour sur la scène politique française en vue des primaires socialistes prévues pour l'élection présidentielle de 2012.

Il faudra des mois avant d'en arriver à un dénouement, à moins d'une entente judiciaire négociée, alors que la période de mise en candidature des primaires se termine à la mi-juillet.

Les ténors du Parti socialiste évitent généralement d'évoquer la question de sa candidature, adoptant une attitude attentiste, mais d'autres politiciens se montrent plus explicites.

C'est le cas notamment du député écologiste européen Daniel Cohn-Bendit, qui se reproche de ne pas avoir écouté ceux qui le mettaient en garde contre les risques posés par la «personnalité» de l'ancien directeur général du FMI.

«Politiquement, il faut tourner la page. DSK ne sera pas candidat à la présidentielle», a-t-il affirmé hier.

Le candidat socialiste, qu'il soit François Hollande ou Martine Aubry, continuerait d'arriver nettement en tête du premier tour de la présidentielle française de 2012 face à Nicolas Sarkozy, dans les premiers sondages réalisés après la mise hors course de Dominique Strauss-Kahn. Selon une enquête de l'institut Ipsos publiée hier, l'ex-patron du PS François Hollande obtiendrait 29% des voix et l'actuelle première secrétaire, 27%. Ils devanceraient tous deux largement le président sortant Nicolas Sarkozy qui obtiendrait 21% dans le premier cas, 19% dans le second. Nicolas Sarkozy serait tout de même qualifié pour le second tour, la présidente du Front national (extrême droite) Marine Le Pen obtenant 17% des voix.