L'envoi en prison lundi de Dominique Strauss-Kahn par la justice de New York, après son arrestation samedi, sonne comme un deuxième coup de tonnerre pour les socialistes français, à un an de l'élection présidentielle, et renforce les chances de Nicolas Sarkozy.

Après son arrestation samedi, suivie de son inculpation pour agression sexuelle et tentative de viol, son maintien en prison par une juge de Manhattan sonne le glas, au moins pour un certain temps, des ambitions politiques de celui en qui beaucoup voyaient le prochain président français.

Nicolas Sarkozy, malmené dans les sondages, voit ainsi disparaître du paysage politique français son principal adversaire, l'un des hommes politiques français les plus talentueux de sa génération, mais aussi un homme à la réputation sulfureuse quant à ses relations avec les femmes.

Dans les arcanes du pouvoir, la retenue restait cependant de mise. Après le gouvernement, le parti du président l'UMP (droite) continuait d'appeler à respecter la «présomption d'innocence» de Dominique Strauss-Kahn, 62 ans.

«J'ai, dès hier, contacté un certain nombre de mes amis de la direction de l'UMP pour leur demander de faire oeuvre de beaucoup de mesure, voire de silence», a déclaré lundi le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé.

Mais les commentateurs n'hésitaient pas, dès son arrestation, à dire tout haut ce que les partisans de Sarkozy pensent sans doute tout bas: ce coup de tonnerre politique devrait profiter au président alors que sa cote de popularité est au plus bas à un an tout juste des scrutins d'avril et mai 2012.

«Une chose est d'ores et déjà certaine: Dominique Strauss-Kahn ne sera pas le prochain président de la République française», affirmait le quotidien proche du pouvoir Le Figaro.

D'autres journaux spéculaient déjà sur le décalage entre une gauche, lestée de l'affaire Strauss-Kahn, et un président Sarkozy dont la rumeur dit qu'il sera bientôt de nouveau père. Son épouse Carla Bruni-Sarkozy n'a pas démenti lundi ces rumeurs de grossesse.

D'ailleurs, s'ils n'éreintent pas de front Dominique Strauss-Kahn, les ténors de la droite répètent de plus en plus que cette affaire ternit la réputation de la France.

«Imaginer que cette image passe en boucle dans le monde entier est évidemment un sujet», a lancé M. Copé en allusion à DSK sortant du commissariat de Harlem mains menottées derrière le dos comme un vulgaire délinquant.

S'y ajoutent celles de DSK, visiblement épuisé, entendant la juge décider de l'envoyer en prison.

«En plus de la victime présumée, la femme de chambre, il y a une victime avérée, c'est la France», a abondé la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet.

Stupéfaite, assommée, la gauche peinait à cacher son malaise. Dans cette affaire, le Parti socialiste a perdu son homme providentiel et doit rebattre ses cartes avant les primaires qui doivent désigner en octobre son candidat à la présidentielle et dont la tenue a été confirmée lundi.

«Je suis bouleversée des images que j'ai vues ce matin (...) C'est profondément humiliant», a déclaré la patronne du PS Martine Abry.

Le parti n'est «ni décapité ni affaibli», s'est senti la nécessité de déclarer lundi le numéro 2 du PS Harlem Désir. Il «compte en son sein de nombreuses personnalités» qui ont «la capacité de diriger l'Etat», a-t-il assuré citant Martine Aubry et son prédécesseur à la tête du parti François Hollande, figure montante des socialistes.

Le porte-parole des socialistes français, Benoît Hamon, a indiqué que «les faits dicteront très vite notre attitude» après la décision de la juge new-yorkaise lundi soir de maintenir en détention Dominique Strauss-Kahn.

«Nous en restons aux principes, un, la présomption d'innocence, deux, une volonté de ne pas se perdre en conjectures, trois, on reste le Parti socialiste, concentré sur un objectif, l'élection présidentielle de 2012», a-t-il ajouté.