Une dizaine de militants islamistes radicaux ont investi mercredi matin l'Institut des langues Bourguiba à la cité El Khadra de Tunis, provoquant une bagarre pour tenter d'empêcher la tenue d'une mise en scène du buzz planétaire en ligne Harlem Shake organisée par les étudiants.

À l'arrivée des islamistes, accompagnés de femmes voilées, les étudiants de l'Institut des langues ont commencé à scander «Dégage! Dégage!», déclenchant des affrontements à coups de poing, a constaté une journaliste de l'AFP.

«Nos frères sont tués en Palestine par les Israéliens, et vous, vous dansez!», a lancé l'un de ces militants, disant vouloir faire comprendre aux autres étudiants ce qui est «haram» (interdit) et «halal» (autorisé) en islam.

Un autre homme, portant la barbe et une tenue militaire, a participé aux échauffourées, tenant à la main un cocktail Molotov qu'il n'a cependant pas utilisé.

Finalement, les militants islamistes se sont retirés et les étudiants ont pu filmer leur Harlem Shake.

La chanson électrodance Harlem Shake a déclenché un phénomène viral sur l'internet, dont se sont emparées plusieurs dizaines de milliers d'internautes sur YouTube. Sur les vidéos de 30 secondes, on peut voir plusieurs personnes déguisées à outrance ou dénudées danser de façon frénétique.

La cité El Khadra de Tunis est un bastion de la mouvance radicale salafiste. De nombreuses pages proches de ce courant et d'autres groupes islamistes ont dénoncé le «Harlem Shake», le jugeant indécent et non-conforme à l'islam.

Par ailleurs, à Sousse (120 km au sud de Tunis), la tentative de lycéens d'organiser cette même danse a dégénéré en affrontements avec la police après que le directeur du Lycée concerné à interdit la mise en scène.

«Certains lycéens ont essayé d'organiser (la danse) à l'intérieur du lycée, mais le directeur a refusé. Les étudiants se sont ensuite rassemblés devant l'établissement, près d'un hôpital et ont allumé des fumigènes», a expliqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khaled Tarrouche.

«Les forces de l'ordre ont voulu dialoguer pour qu'ils éteignent les fumigènes (...) mais ils ont refusé et ont jeté des pierres sur la police, blessant deux agents. Les forces de l'ordre ont été obligées de répliquer avec du gaz lacrymogène», a-t-il ajouté.

Une version du Harlem Shake, réalisée samedi dans la cour d'un lycée de Tunis, avait déjà provoqué la colère du ministre de l'Éducation, Abdellatif Abid, qui a ordonné une enquête.

En réaction, le site de son ministère a été piraté et un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour la tenue d'unHarlem Shake géant vendredi devant le ministère de l'Éducation.

PHOTO FETHI BLEAID, AFP

À l'arrivée des islamistes, accompagnés de femmes voilées, les étudiants de l'Institut des langues ont commencé à scander «Dégage! Dégage!», déclenchant des affrontements à coups de poing, a constaté une journaliste de l'AFP.