Le ministre tunisien de la Justice, Noureddine Bhiri, a défendu mercredi les procédures en cours contre une jeune femme violée par des policiers et qui risque d'être inculpée pour atteinte à la pudeur, accusant certains médias de porter atteinte à l'image de la Tunisie.                

« Le viol de cette fille est horrible (...), la justice est sérieuse dans son examen du dossier », a-t-il déclaré dans une vidéo sur la page Facebook du ministère.

M. Bhiri a ensuite critiqué les médias qui ont dénoncé le fait que la victime était « transformée en accusée », celle-ci risquant d'être inculpée pour atteinte à la pudeur.

« Ce genre d'allégations portent atteinte à l'image de la Tunisie, de la justice, à sa crédibilité et à la confiance des gens en elle », a-t-il estimé.

« S'il vous plaît, dites la vérité et ne donnez pas de poids à des allégations erronées, de bonne ou mauvaise foi », a insisté le ministre.

La jeune femme violée par des policiers début septembre a été interrogée mardi par un juge d'instruction qui doit se prononcer dans les jours à venir sur une demande du parquet d'inculper la victime.

Selon les violeurs présumés, cette femme avait été surprise le soir des faits dans une position « immorale » dans une voiture avec son ami.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP que le couple a été surpris pendant des rapports sexuels, ce qui justifierait une inculpation pour atteinte à la pudeur. Deux policiers ont ensuite violé la jeune femme, tandis qu'un troisième cherchait à extorquer de l'argent à son petit ami.

Les trois policiers ont été incarcérés dès début septembre.

Les manifestations de soutien à la jeune femme se multiplient depuis une semaine et le début des déboires judiciaires de la victime du viol.

Ainsi, le ministère français des Affaires étrangères a dit mercredi espérer « que les charges retenues contre elle seront abandonnées ».

À Paris, sept militantes du mouvement féministe Femen ont manifesté seins nus mercredi au musée du Louvre, devant la Vénus de Milo, pour soutenir la jeune Tunisienne.

Ces manifestantes ont enlevé leur haut, dévoilant sur leur poitrine l'inscription « NO

NO ». Elles se sont ensuite approchées de la statue grecque, y accrochant une pancarte sur laquelle était écrit : « Rape me I am immoral » (Violez-moi, je suis immorale).

Nombre de médias et d'ONG ont dénoncé la procédure judiciaire contre la jeune femme, estimant qu'elle transformait la victime en accusée et la rendait responsable du viol.

Ce scandale intervient alors que le gouvernement tunisien, dominé par les islamistes d'Ennahda, est régulièrement accusé de s'en prendre aux droits des femmes.