La justice tunisienne a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ancien président Ben Ali et sa femme Leïla Trabelsi. Tous les membres de la famille en fuite, dont Belhassen Trabelsi, le beau-frère de Ben Ali qui est au Canada, font également l'objet d'un mandat d'arrêt.

L'ancien président et sa femme sont poursuivis pour «acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers» et «transferts illicites de devises à l'étranger», a annoncé mercredi matin le ministre tunisien de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi. Le couple a trouvé refuge en Arabie Saoudite après avoir fui le pays.

Cette enquête pour détournements de fonds vise également une dizaine de proches de la famille du dicateur. La moitié de ces personnes sont toujours en fuite, dont  Belhassen Trabelsi, le frère aîné de Leïla Trabelsi. Tous les fugitifs font l'objet d'un mandat d'arrêt, a déclaré M. Chebbi, précisant que le gouvernement tunisien avait demandé l'aide d'Interpol.

La presse a révélé mercredi que Belhassen Trabelsi est arrivé à Montréal jeudi dernier avec sa femme, ses quatre enfants et leur gardienne. Richissime homme d'affaires, il est souvent décrit comme le «parrain» de la belle-famille du président tunisien déchu et a été mêlé à plusieurs histoires de corruption dans son pays.

Sa famille et lui auraient d'abord séjourné dans un hôtel de l'ouest de Montréal, mais on ignore s'ils s'y trouvent toujours. Selon nos informations, les autorités canadiennes seraient au courant de l'endroit où ils se trouvent. Ils détiendraient tous un statut de résident permanent.

Contrairement à l'Arabie Saoudite, le Canada n'est pas lié à la Tunisie par un accord d'extradition des personnes recherchées. Les autorités canadiennes pourraient-elles quand même arrêter Belhassen Trabelsi? Lucy Shorey, porte-parole de la GRC, a référé notre demande au ministère des Affaires étrangères, qui n'a pas encore rappelé Cyberpresse.

Le Service de police de la Ville de Montréal n'a exécuté aucun mandat d'arrêt, a indiqué le sergent Ian Lafrenière, responsable du Module relations médias.

Autre enquête

Le ministre de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi, a par ailleurs indiqué que six membres de la garde présidentielle, dont l'ancien chef de la sécurité du président de Ben Ali, le général Ali Sériati, étaient poursuivis dans le cadre d'une enquête distincte visant des exactions contre la population et les forces de sécurité.

La justice tunisienne avait déjà annoncé l'ouverture d'une information judiciaire le 16 janvier visant notamment le général Sériati pour «complot contre la sécurité intérieure de l'État, incitation à commettre des crimes et à s'armer et provocation au désordre».

Homme clé de la sécurité du président déchu, il est considéré comme le commanditaire de la campagne de terreur menée par des miliciens armés fidèles à l'ancien président dans les jours qui ont immédiatement suivi sa chute.

Ces hommes avaient semé la terreur en commettant des exactions contre des civils et en tirant sur des membres des forces de sécurité à Tunis et dans d'autres villes du pays.

Avec l'Agence France-Presse et l'Associated Press