Ce qui devait être un gouvernement «d'unité nationale» est en passe d'en devenir un de discorde nationale.

Moins de 24 heures après avoir été nommés, au moins cinq ministres du nouveau gouvernement de transition ont donné leur démission mardi. Ils voulaient protester contre le fait que l'ancien parti du président Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), a conservé des ministères clés, dont la Défense, les Finances, l'Intérieur et les Affaires étrangères.

En matinée, trois représentants de l'Union générale des travailleurs tunisiens ont claqué la porte du nouveau cabinet. Ils ont été suivis par la ministre de la Culture et le ministre de la Santé, Mustapha Ben Jaffar.

Ce dernier, leader du Forum démocratique pour le travail et les libertés, est l'un des trois opposants du régime à avoir été nommés dans l'administration de transition qui doit organiser des élections d'ici deux mois.

Interpellés par d'autres membres du cabinet qui menaçaient eux aussi de partir, le président tunisien par intérim, Fouad Mebbaza, et le premier ministre, Mohammed Ghannouchi, ont pour leur part quitté le RCD sans pour autant laisser leur poste vacant.

De son côté, le RCD a officiellement banni de ses rangs l'ex-président Zine el-Abidine Ben Ali ainsi que six de ses proches collaborateurs «à la suite d'une enquête interne du parti sur les événements des dernières semaines», qui ont causé la mort de plus de 88 manifestants.

Toute la journée, des milliers de Tunisiens ont manifesté dans la rue contre le maintien du RCD au gouvernement. La plupart des manifestations ont été dispersées par les forces de l'ordre, qui essaient depuis vendredi dernier de faire respecter l'état d'urgence dans le pays.