L'état d'urgence, décrété le 7 avril en Thaïlande suite aux manifestations des «chemises rouges» antigouvernementales, devrait être levé dans «de nombreuses» provinces le mois prochain, mais pas à Bangkok, la capitale, ont déclaré jeudi les autorités.

Le décret, qui concerne un tiers du territoire, interdit les rassemblements de plus de cinq personnes et donne des pouvoirs accrus à la police et à l'armée.

Il expire le 7 juillet, soulevant des débats sur sa possible prorogation alors qu'une élection législative partielle est prévue le 25 juillet.

«Je pense que l'état d'urgence sera probablement levé dans de nombreuses régions», a déclaré le premier ministre Abhisit Vejjajiva aux journalistes.

Mais le conseil de sécurité chargé de gérer la crise a décidé de demander au gouvernement Abhisit de ne pas révoquer l'état d'urgence dans la capitale, selon le porte-parole de l'armée, le colonel Sunsern Kaewkumnerd.

«Pour Bangkok, l'état d'urgence sera maintenu malgré l'élection partielle», a-t-il assuré.

Les «chemises rouges» ont occupé Bangkok pendant deux mois entre mars et mai, derrière d'immenses barricades de bambous, de pneus et de barbelés, paralysant le centre économique de la ville dans l'espoir d'obtenir la démission du gouvernement.

La crise et les violences qui l'ont accompagnée ont fait 90 morts et environ 1.900 blessés.

«Certains éléments sont toujours impliqués dans le mouvement et c'est ce que nous ne voulons pas», a ajouté Abhisit. «Le gouvernement essaye de dire à ces gens qu'il y a un processus pour régler le problème et qu'ils devraient se garder de tout acte de violence».

Mardi, une explosion a retenti près du siège d'un parti de la coalition gouvernementale. Le seul blessé, soupçonné d'être impliqué, doit être interrogé.

Les «rouges» ont par ailleurs désigné un des leurs, Korkaew Pikulthong, pour les représenter lors de la législative partielle de juillet. Un tribunal l'a libéré de prison quelques heures jeudi pour qu'il fasse acte de candidature.

Korkaew, comme la majorité des cadres du mouvement, est en détention provisoire, poursuivi pour «terrorisme» et violation de l'état d'urgence.

Les «chemises rouges» affirment qu'Abhisit est arrivé au pouvoir fin 2008 sans passer par les urnes, à la faveur d'une décision de justice et d'un simple renversement d'alliance parlementaire.

Le premier ministre avait promis des élections pour novembre mais était revenu sur son engagement en constatant que les «rouges» ne se dispersaient pas à Bangkok. Il avait ensuite fait donner l'assaut contre leur camp retranché.

Il peut désormais légalement rester en place jusqu'à fin 2011. Mais le ministre des Affaires étrangères Kasit Piromya a indiqué mercredi à Bruxelles que des élections pourraient avoir lieu début 2011.