Débris et machines électroniques cassées, bureaux déplacés, longues files d'attente, voter mardi a parfois été une course d'obstacles pour les électeurs des États les plus durement touchés par l'ouragan Sandy.                

Dès 6 h du matin, une soixantaine de personnes attendaient dans le froid, les nerfs à vif, entourés de débris laissés par la tempête, devant un bureau de vote improvisé d'Hoboken, au New Jersey.

Il ouvre avec 40 minutes de retard.

«C'est inacceptable, nous sommes là depuis 6 h», maugrée Adora Agim, une ingénieure de 38 ans.

«Hier, quand j'ai appelé la mairie, ils m'ont dit d'aller dans mon bureau de vote habituel», explique-t-elle. Mais elle y a trouvé un écriteau sur la porte, disant que le bureau de vote avait été déplacé dans un centre pour personnes âgées à cause des inondations.

Une fois le bureau de vote improvisé ouvert, un bénévole présente ses excuses à la foule qui s'impatiente. «Excusez-nous pour l'état des locaux, mais il y a deux jours, ils étaient sous 60 cm d'eau».

Agim, originaire du Nigeria, qui s'apprête à voter pour Obama, insiste sur l'importance de voter en dépit de Sandy. «J'ai vécu dans un pays où votre vote ne compte pas», explique-t-il.

John Margolis, un banquier de 46 ans qui pense voter Mitt Romney, vient de découvrir que la machine électronique qu'il devait utiliser ne fonctionne pas. Un bénévole lui demande de rejoindre une autre file d'attente pour voter avec du papier. Mais la ligne est trop longue. John préfère rentrer chez lui et revenir plus tard.

«Je suis à 100 % derrière Romney. Disons que je l'étais jusqu'à la semaine dernière», dit-il. Mais il a été impressionné par la réponse du gouvernement Obama à la tempête Sandy.

«La semaine a été très longue à Hoboken», dit-il. «Nous n'avons retrouvé l'électricité qu'hier».

Le nord du New Jersey a été très durement frappé par l'ouragan Sandy. Des centaines de milliers de personnes y étaient encore sans électricité mardi, et donc souvent sans chauffage, alors que les températures deviennent négatives la nuit.

Les déplacés ont exceptionnellement été autorisés à voter par courriel ou fax.

«Même pas de stylo»

À New York, où des dizaines de milliers de personnes sont toujours sans électricité, et où les déplacés peuvent voter n'importe où, une soixantaine de bureaux de vote ont également dû être déplacés à la dernière minute.

À Staten Island, certains électeurs ont attendu dans le noir dès 6 h, avant de voter dans une tente, lumière fournie par des générateurs.

Dans les Rockaways (Queens), toujours sans courant, le vote a parfois démarré en retard, en raison d'un défaut de générateurs. Certaines machines ne marchaient pas. «Et il n'y avait même pas de stylo», s'indigne une électrice. «C'était le bordel», ajoute une autre.

Et les opérations de vote prennent souvent beaucoup de temps.

Dans le quartier de Lower East Side à Manhattan, un bureau a été déplacé dans le gymnase d'une école sur East Houston Street.

Dès 6 h, de longues lignes se forment dans ce quartier d'immigrants. Sur place des traducteurs chinois, haïtien et espagnol sont là pour aider les électeurs qui maîtriseraient mal l'anglais.

Alfonso Moreno, un Mexicain de 51 ans venu voter avec sa femme Maribel. Le couple qui a quatre enfants vit toujours sans chauffage ni eau chaude, huit jours après Sandy.

«Nous sommes congelés. Mais nous voulions voter, c'est important», explique Alfonso, qui votera Obama avant de partir travailler dans son restaurant.

Lisa Ellison, chômeuse de 40 ans évacuée avant Sandy, est furieuse. «Je n'ai rien su du changement jusqu'à la dernière minute», dit-elle. Je n'ai rien reçu chez moi. Heureusement que les voisins étaient là!».

Elle veut voter «pour un changement» dans le pays. «Nous avons besoin d'avancer», explique-t-elle.

Ivette Mercedes coordonne les opérations de vote avec une équipe de 14 personnes. Selon elle, le changement de lieu n'est pas un grand problème.

«C'est juste de l'autre côté de la rue par rapport à l'ancien bureau de vote. Cela ne va pas empêcher les gens de venir».