Après l'annonce par l'Islande, jeudi, de la reconnaissance de «l'indépendance et de la souveraineté de la Palestine» et l'établissement de relations diplomatiques bilatérales, plus de 100 pays ont reconnu la Palestine en tant qu'État.

En reconnaissant l'État palestinien, l'Islande est devenu l'un des premiers pays d'Europe occidentale et membre de l'OTAN à prendre cette décision.

«Voici le jour où je vous présente la déclaration de l'indépendance de la Palestine en accord avec la volonté du Parlement islandais», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Össur Skarphedinsson s'adressant à son homologue palestinien Riad Malki.

Les deux ministres, qui étaient réunis lors d'une cérémonie à la Maison de la culture de Reykjavik, ont également convenu de l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays qui seront représentés par des ambassadeurs non-résidents.

Cette annonce a été aussitôt saluée par le ministre palestinien pour qui elle «revêt une grande portée» car elle peut créer en Europe «une atmosphère très positive que d'autres pourront suivre».

Cette décision intervient après l'adoption par le parlement islandais (Althingi) le 29 novembre dernier d'une résolution autorisant le gouvernement «à reconnaître la Palestine en tant qu'État indépendant et souverain dans le cadre des frontières antérieures à la Guerre des Six Jours de 1967».

Le chef de la diplomatie islandaise a déclaré que cette reconnaissance par un pays d'Europe occidentale également membre de l'OTAN intervient au bon moment.

«Ils ont eu des revers au Conseil de sécurité et c'est pourquoi nous avons pensé qu'il serait juste de ne pas attendre, mais d'aller de l'avant dès maintenant», a expliqué M. Skarphedinsson lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Malki.

«Il est très symbolique pour eux qu'un pays d'Europe occidentale qui est aussi membre de l'Alliance atlantique, franchisse maintenant un pas en avant et reconnaisse la souveraineté de la Palestine», a-t-il dit ajoutant que cette décision «leur donnera un peu de vent dans les voiles».

M. Riad Malki s'est également félicité du «timing parfait» de cette annonce parce qu'elle intervient «après une saison sèche pendant laquelle peu de pays ont pris la décision de reconnaître la Palestine», a-t-il relevé. Elle coïncide aussi avec la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, a précisé M. Malki.

Le chef de la diplomatie palestinienne a exprimé l'espoir que cette décision «contraindra Israël à repenser son approche du processus de paix cette fois d'une manière positive».

M. Skarphedinsson veut également y croire. Il a souligné que déjà la récente détermination de l'Islande à faire admettre la Palestine à l'UNESCO «avait compté pour certains». «Je voudrais donc croire que cela (la reconnaissance, NDLR) va aider» le processus de paix, a-t-il dit.

La décision de reconnaître la Palestine «nous a pris deux ans», a poursuivi le ministre islandais. Il a souligné que son gouvernement a préféré faire approuver cette décision par le parlement, mais qu'il n'y était pas obligé.

Faisant allusion aux réactions d'hostilité d'Israël à cette reconnaissance il a ajouté qu'aucun pays «ne peut dire quoi que ce soit quand une décision est prise de manière aussi démocratique».

Selon l'autorité palestinienne, 130 pays ont reconnu l'État palestinien.

Quatre pays membres de l'Union européenne l'ont reconnu: la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, Malte.

En Amérique du Sud, douze pays ont reconnu l'État palestinien. Seule la Colombie, principale alliée des États-Unis et d'Israël dans la région, fait bande à part.

En Amérique centrale, l'État palestinien a été reconnu par Cuba, le Costa Rica, le Nicaragua, le Honduras et le Salvador.

Il a également été reconnu par des pays arabes, comme la Syrie en juillet 2011, ainsi que des États africains.

D'autre part, quelque 150 pays maintiennent des relations diplomatiques avec la Palestine sous une forme ou une autre.

La Palestine détient un statut d'observateur à l'ONU. Le 31 octobre 2011, les Palestiniens ont été admis comme membres à part entière de l'UNESCO lors d'un vote des États membres qui avait entraîné la suspension des versements des États-Unis à l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture.