Un millier de Palestiniens ont manifesté jeudi à Ramallah, la capitale politique de la Cisjordanie, pour dénoncer le président américain Barack Obama qu'ils accusent d'avoir trahi la cause palestinienne à l'ONU.

Rassemblés près de la Mouqataa, le siège de la présidence de l'Autorité palestinienne, les manifestants arboraient des banderoles sur lesquelles était écrit: «Honte à ceux qui se prétendent démocratiques» ou «L'Amérique, c'est la tête du serpent».

Dans son discours, unanimement jugé «pro-israélien» dans les Territoires palestiniens comme en Israël, M. Obama a rejeté la demande d'adhésion pleine et entière d'un État de Palestine à l'ONU.

Une manifestation de protestation a également eu lieu à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, où les fonctionnaires ont observé une heure de grève.

Le principal syndicat palestinien a appelé à des manifestations vendredi partout dans le monde arabe devant les ambassades des États-Unis.

Un responsable du ministère palestinien de l'Information, Moutawakil Taha,  a accusé le président Obama de se conduire «comme un colon israélien».

«Quarante-deux veto américains à l'ONU ont permis à Israël de continuer à imposer l'apartheid dans la région. Le discours d'Obama a démasqué l'Amérique qui prétend soutenir les révolutions arabes», a-t-il dit à l'AFP.

M. Obama, déjà largement déconsidéré aux yeux des Palestiniens, a affirmé mercredi qu'il n'existait pas de «raccourci» pour parvenir à la paix au Proche-Orient, rejetant à la tribune de l'ONU la démarche des Palestiniens pour y obtenir la reconnaissance de leur État.

«Ce n'est pas une surprise, franchement, Israël et l'Amérique ne font qu'un, et il n'y a aucun doute qu'Obama soutiendra Israël contre les Palestiniens s'il est réélu en 2012», a déclaré à l'AFP Shadi Elias, un jeune habitant de Jérusalem-Est.

Les trois principaux quotidiens palestiniens de Cisjordanie ont exprimé la même amertume et désillusion.

«Le discours d'Obama fut une déception pour ceux qui attendaient quelque chose de nouveau de lui. Il suscite l'écoeurement et la colère», écrit dans un éditorial Al-Ayyam. Obama, selon le journal, «a accentué les préjugés en faveur des arguments, des positions et de la politique d'Israël».

Une caricature montre une étoile de David sortant de la bouche de M. Obama à la tribune onusienne.

À Gaza, le groupe islamiste Hamas, qui désapprouve la démarche du président Mahmoud Abbas prévue vendredi à l'ONU, a jugé que «le discours d'Obama reflète le parti pris américain en faveur de l'occupation israélienne et prouve que les Arabes et les Palestiniens ont tort de continuer à parier sur les Américains».

«Face à cette arrogance américano-israélienne, nous appelons à l'adoption d'une stratégie nationale palestinienne basée sur l'indépendance et le monde arabo-musulman», a déclaré à l'AFP le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.

En Israël aussi, les commentateurs soulignaient la teneur «pro-Israël» du discours de Barack Obama, et «la grande joie» de la délégation israélienne à l'ONU.

«Obama a fait siens tous les arguments israéliens contre l'adhésion d'un État palestinien à l'ONU, et a aussi adopté le «récit narratif» d'Israël, un petit peuple menacé dans son existence par ses voisins, qui porte les souffrances de milliers d'années d'exil et de la Shoah», écrit le journal Yediot Aharonot

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