Le président français Nicolas Sarkozy a proposé mercredi un «statut intermédiaire d'État observateur» pour la Palestine à l'ONU, invitant Israéliens et Palestiniens à faire des «compromis» pour parvenir à un accord de paix «définitif» d'ici un an.

Six jours après sa visite triomphale en Libye, où la France avait été aux avant-postes, avec la Grande-Bretagne, pour aider la rébellion à mettre à bas le régime du colonel Kadhafi, M. Sarkozy est monté en première ligne aux côtés d'autres dirigeants pour tenter de sauver un processus de paix totalement bloqué depuis des mois.

M. Sarkozy propose à Israël et aux Palestiniens «un mois pour reprendre les discussions, six mois pour se mettre d'accord sur les frontières et la sécurité» -- dossier le plus épineux que maintes tentatives de dialogue avortées n'ont pu régler -- «un an pour parvenir à un accord définitif».

Il suggère également aux Palestiniens un «statut intermédiaire d'État observateur» à l'ONU, statut dont seul le Vatican bénéficie.

Selon le président français, les dirigeants palestiniens devraient alors «réaffirmer le droit à l'existence et à la sécurité d'Israël» et s'engager «à ne pas utiliser ce nouveau statut pour recourir à des actions incompatibles avec la poursuite des négociations», telles que poursuivre des dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale.

De leur côté, les Israéliens devraient faire preuve d'«une même retenue» et  «s'abstenir de gestes qui préjugent du statut final».

«Vous ne pouvez pas rester immobiles alors que le vent de la liberté et de la démocratie souffle dans votre région», leur a-t-il lancé, en allusion aux révolutions arabes.

Mais pour M. Sarkozy, il ne peut s'agir que d'une étape «intermédiaire» avant la reconnaissance pleine et entière d'un État palestinien, appelé à devenir le 194e membre de plein droit des Nations unies.

Cette proposition de statut intermédiaire a aussi l'avantage aux yeux du président français de désamorcer un affrontement aux Nations unies si les Palestiniens persistaient à présenter au Conseil de sécurité une procédure d'admission à l'ONU d'un État de Palestine. Une procédure «destinée à échouer», selon Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, puisque les États-Unis ont averti qu'ils opposeraient leur veto.

Autre proposition du président Sarkozy, déjà formulée à plusieurs reprises ces derniers mois sans résultat: l'organisation à Paris, «dès cet automne», d'une conférence des donateurs afin que les Palestiniens puissent parachever la construction de leur futur État.

Le discours a été accueilli «positivement» par les Palestiniens qui se sont déclarés «prêts à travailler» aux propositions de M. Sarkozy. Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, a déclaré prendre «acte des propositions françaises».

Le président américain Barack Obama a opposé un «no comment» aux journalistes qui l'interrogeaient sur le plan français à l'occasion d'une lors d'une rencontre avec M. Sarkozy à New York.

Ben Rhodes, l'un de ses conseillers pour la sécurité, a ensuite jugé les propositions de M. Sarkozy «importantes» et «constructives». Mais il a aussi observé que les deux dirigeants n'étaient pas d'accord sur le rôle des Nations unies dans le dossier palestinien.

«On peut avoir des nuances tactiques, mais nous avons les mêmes objectifs stratégiques, c'est-à-dire la reprise sans délai des négociations de paix», a commenté pour sa part l'Élysée après la rencontre.