Le président américain Donald Trump a manqué de déclencher un conflit avec la Corée du Nord en envisageant de publier un tweet qui a «vivement alarmé» le Pentagone, affirme le journaliste d'investigation Bob Woodward.

Dans ce tweet, que M. Trump n'a finalement pas envoyé, le locataire de la Maison-Blanche comptait ordonner le retour des familles des quelque 28 500 militaires américains basés en Corée du Sud, a précisé M. Woodward, dans une entrevue diffusée dimanche par CBS.

Une telle mesure aurait instantanément été interprétée par Pyongyang comme le signal d'une attaque imminente des forces américaines, a expliqué le journaliste, auteur d'un livre incendiaire sur la présidence du magnat des affaires.

«À ce moment-là, l'état-major au Pentagone s'est vivement alarmé, en pensant: "Mon Dieu, ce tweet alors que nous disposons d'informations fiables selon lesquelles les Nord-Coréens vont interpréter cela comme l'indication d'une attaque imminente"», a déclaré Bob Woodward.

Dans son livre, dont la sortie est prévue mardi, le journaliste, connu pour ses révélations dans l'affaire du Watergate, décrit un Donald Trump obsédé par le retour des soldats américains déployés en Corée du Sud.

«Je ne sais pas pourquoi ils sont là-bas», aurait dit le président lors d'une réunion. «Ramenons-les tous au pays». À la suite de quoi son ministre de la Défense, James Mattis, lui aurait expliqué: «Nous faisons cela afin d'éviter la troisième guerre mondiale» .

Dans une tribune anonyme publiée dans le New York Times, un haut responsable gouvernemental américain décrit comment les collaborateurs du président s'escriment à limiter les conséquences potentiellement désastreuses de certaines de ses décisions impétueuses.

Trump salue un défilé «sans missiles nucélaires» 

Le président américain a salué dimanche le défilé militaire organisé à Pyongyang «sans la traditionnelle mise en avant de missiles nucléaires», remerciant le leader nord-coréen Kim Jong-un pour cette initiative.

Des milliers de soldats suivis par l'artillerie et les chars ont défilé à Pyongyang pour marquer le 70e anniversaire de la Corée du Nord mais, fait notable, le régime s'est abstenu de montrer les missiles balistiques intercontinentaux qui lui ont valu de multiples sanctions internationales.

«C'est un message fort et très positif de la part de la Corée du Nord», a tweeté Donald Trump depuis la Maison-Blanche, en insistant sur le fait que le thème de cette année était «la paix et le développement économique».

«Merci au président Kim», a-t-il ajouté. «Tous les deux, nous montrerons à tout le monde qu'ils ont tort», a-t-il encore écrit, estimant que rien ne valait «un bon dialogue entre deux personnes qui s'apprécient».

La République populaire démocratique de Corée a été proclamée le 9 septembre 1948, trois ans après la division de la péninsule par Washington et Moscou aux derniers jours de la Seconde Guerre mondiale.

Il y a deux jours, la président américain a expliqué qu'il attendait une nouvelle lettre personnelle du dirigeant nord-coréen, affichant un optimisme retrouvé sur ses discussions avec l'homme fort de Pyongyang qu'il a rencontré le 12 juin à Singapour lors d'un sommet historique.

Alors que les contacts semblaient gelés depuis l'annulation par le président américain, fin août, d'un voyage de Mike Pompeo à Pyongyang pour cause de progrès insuffisants, les récents tweets présidentiels témoignent d'une certaine détente.

Selon un émissaire sud-coréen qui s'est rendu cette semaine dans la capitale nord-coréenne, Kim Jong-un a assuré que «sa confiance» envers M. Trump restait «inchangée».