La Corée du Nord a célébré samedi son sommet avec le Sud, saluant «une rencontre historique» qui ouvre la voie à «une nouvelle ère», tandis que Donald Trump se félicitait du déroulement des préparatifs en vue de sa rencontre avec Kim Jong-un.

«Je viens d'avoir une longue et très bonne conversation avec le président Moon (Jae-in) de Corée du Sud. Les choses se passent très bien, la date et l'endroit de la rencontre avec la Corée du Nord sont en train d'être fixés», a tweeté le président américain.

Le sommet entre les deux Corées qui a eu lieu vendredi dans la Zone démilitarisée les séparant a été «une rencontre historique qui a ouvert une nouvelle ère pour la réconciliation et l'unité nationales, la paix et la prospérité», a déclaré l'agence officielle de presse nord-coréenne KCNA.

«Péninsule non nucléaire» 

Celle-ci a diffusé le texte intégral de la «Déclaration de Panmunjom» signée à cette occasion par MM. Kim Jong-un et Moon Jae-in et qui contient la phrase suivante : «La Corée du Sud et la Corée du Nord confirment l'objectif commun d'obtenir, au moyen d'une dénucléarisation totale, une péninsule coréenne non nucléaire».

Pendant des années, le régime de Pyongyang a affirmé qu'il ne renoncerait jamais à l'arme atomique, indispensable selon lui pour le protéger d'une possible invasion américaine.

Mais il a maintenant proposé qu'elle soit l'objet de négociations en échange de garanties de sécurité, selon Séoul. M. Kim n'en a toutefois pas parlé publiquement au cours du sommet.

Dans un autre communiqué, KCNA a écrit que les deux dirigeants avaient eu «un échange franc et sincère» sur des thèmes comme «assurer la paix dans la péninsule coréenne et la dénucléarisation de la péninsule».

Le quotidien Rodong Sinmun, l'organe du parti unique nord-coréen, a consacré samedi quatre de ses six pages à l'événement.

Presse sud-coréenne prudente

En Corée du Sud, les journaux de samedi relevaient quant à eux l'absence d'un engagement ferme et explicite du Nord à renoncer à son armement nucléaire.

«Il s'agit d'un pas en arrière par rapport à ce qui avait été décidé en 2005» quand la Corée du Nord, rappelle même à cet égard le quotidien Chosun, promettait dans un accord d'abandonner «toutes les armes nucléaires et les programmes nucléaires existants» et de recevoir des inspecteurs chargés de le vérifier.

Vendredi, après une poignée de main très symbolique avec le président sud-coréen, M. Kim a affirmé que la péninsule de Corée était «au seuil d'une histoire nouvelle».

En franchissant la bordure de béton de quelques centimètres de haut qui représente la démarcation dans le village de Panmunjom, ce trentenaire est devenu le premier dirigeant nord-coréen à fouler le sol sud-coréen depuis la guerre de Corée (1950-1953).

«Les deux dirigeants déclarent solennellement devant les 80 millions de Coréens et le monde entier qu'il n'y aura plus de guerre sur la péninsule coréenne et qu'en conséquence, une nouvelle ère de paix a commencé», proclament MM. Kim et Moon dans la «Déclaration de Panmunjom».

Après avoir signé ce texte, MM. Kim et Moon, dont les pays, faute de traité, sont toujours aujourd'hui techniquement en guerre, se sont donné l'accolade, au terme d'une journée de chaleureux témoignages d'amitié.

Ils se sont engagés à chercher à établir «un régime de paix permanent et solide» sur la péninsule.

Nouveau sommet à l'automne 

Ce sommet, qui doit être le prélude d'un face-à-face très attendu entre Kim Jong-un et Donald Trump, a suscité un concert de louanges international.

Le président américain a évoqué une rencontre «historique», la Chine a mis en exergue le «courage» de MM. Kim et Moon, la Russie s'est réjouie de «nouvelles très positives», et le premier ministre japonais Shinzo Abe a vanté «un pas positif».

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a noté «le courage et le leadership» des deux dirigeants qui, selon la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, montrent que «le chemin vers la paix est possible, contre toute attente».

Les deux Corées se concerteront étroitement pour ne pas «répéter le passé malheureux qui a vu tourner court de précédents accords intercoréens», a affirmé M. Kim.

En attendant, il a été décidé que M. Moon se rendrait à l'automne à Pyongyang pour ce qui sera le quatrième sommet intercoréen.

Cette exceptionnelle détente est apparue depuis que M. Kim a annoncé le 1er janvier que son pays participerait aux Jeux olympiques d'hiver organisés au Sud.

AP

La «Déclaration de Panmunjom».

Moon brièvement au Nord 

Depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, à la suite du décès de son père, M. Kim a présidé à une accélération fulgurante des programmes nucléaire et balistique nord-coréens.

En 2017, son pays a ainsi procédé à son essai atomique le plus puissant à ce jour et testé des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) mettant à sa portée la partie continentale du territoire des États-Unis.

Les tensions avaient alors atteint des sommets tandis que MM. Kim et Trump échangeaient menaces apocalyptiques et insultes personnelles.

Première démonstration de la détente intercoréenne, M. Moon est même, à l'invitation impromptue de Kim Jong-un, brièvement passé du côté nord-coréen de la frontière.

M. Kim vient d'annoncer un moratoire sur les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques de longue portée.

Il a également fait part de la fermeture du seul site nord-coréen connu d'essais nucléaires. Mais certains experts soupçonnent que le dernier test, en septembre, l'a rendu inutilisable.

AP

Kim Jong-un et Moon Jae-in se font l'accolade après avoir signé la Déclaration de Panmunjom.