Le gouvernement japonais examine la possibilité d'une rencontre entre le premier ministre Shinzo Abe et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, ont rapporté des médias japonais.

Cette information, si elle était confirmée, représenterait un changement de ton du Japon, partisan jusqu'ici d'une ligne dure vis-à-vis de Pyongyang.

Le dossier a connu la semaine dernière un rebondissement spectaculaire lorsque le président américain Donald Trump a accepté l'invitation de Kim Jong-un à participer à un sommet historique, afin notamment de discuter de dénucléarisation.

Un sommet intercoréen est par ailleurs prévu fin avril, dans un contexte de dégel des relations diplomatiques entre les deux Corées, à la faveur des Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang.

Tokyo veut saisir l'occasion pour «faire avancer la question des enlèvements de Japonais par Pyongyang dans les années 1970 et 1980», qui avaient pour but de former des espions à la langue et aux coutumes japonaises, a expliqué l'agence de presse Kyodo, citant des sources gouvernementales.

L'agence Jiji a fait état d'informations similaires, soulignant que le Japon, en première ligne face aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens, craignait d'être marginalisé si les discussions avançaient sans lui.

Le ministère des Affaires étrangères n'a pas confirmé de projet concret de sommet, mais il n'a pas exclu non plus une telle possibilité. «Nous examinerons notre stratégie du point de vue de ce qui est le plus efficace» pour contrecarrer les ambitions nucléaires de la Corée du Nord, et pour résoudre le dossier des «kidnappés» japonais, a commenté une porte-parole.

Le dernier sommet bilatéral entre les deux pays remonte à 2004, quand le premier ministre de l'époque Junichiro Koizumi avait rencontré Kim Jong-il, le père de l'actuel maître de Pyongyang.

La semaine dernière, Shinzo Abe avait salué les derniers développements, tout en assurant qu'il n'y avait «pas de changement de politique de la part du Japon et des États-Unis». «Nous continuerons à exercer une pression maximale jusqu'à ce que la Corée du Nord prenne des mesures concrètes vers une dénucléarisation de manière parfaite, vérifiable et irréversible», avait-il déclaré.

Mardi, il s'est entretenu des dernières avancées diplomatiques avec le chef du Service du renseignement de Corée du Sud (NIS), Suh Hoon, en visite à Tokyo.

L'éventualité d'une rencontre avec Kim Jong-un survient au moment où M. Abe est fragilisé par une affaire de favoritisme, qui compromet son ambition de devenir le premier ministre japonais à la longévité la plus grande.