Le Comité de suivi de l'ONU des sanctions imposées à la Corée du Nord a identifié «quatre navires» transportant des marchandises interdites et les a «interdits de ports» dans le monde, une «première», a annoncé Hugh Griffiths, coordonnateur des experts chargés du dossier nord-coréen.

«C'est la première fois dans l'histoire des Nations unies» que des navires, identifiés comme transportant des marchandises bannies par des résolutions de l'ONU, sont interdits de ports, a-t-il déclaré.

Ce responsable s'exprimait à l'issue d'une réunion publique à l'ONU ouverte à tous les membres des Nations unies, au cours de laquelle il a annoncé l'interdiction d'accéder à tous les ports pour ces quatre cargos suspectés de violer les résolutions de l'ONU. Aucune indication n'a pu être obtenue dans l'immédiat sur leur réel propriétaire, nord-coréen ou autre.

L'interdiction de ports a été prise «le 5 octobre», a précisé Hugh Griffiths. «Ces quatre navires sont interdits de tous les ports (...) pour avoir transporté des marchandises interdites», a-t-il ajouté, refusant de préciser lesquelles.

Selon une source proche du dossier, les quatre navires ont été visés pour transport de charbon, de fer ou de poissons nord-coréens, des marchandises ciblées par les derniers trains de sanctions de l'ONU.

«La désignation des quatre navires ne veut pas dire un gel d'avoirs ou une interdiction de voyager. Il s'agit d'une interdiction de ports», a expliqué Hugh Griffiths. «C'est une décision plutôt rapide et décisive du Comité» après les résolutions de ces derniers mois contre la Corée du Nord, s'est-il félicité.

Diplomates nord-coréens

Des diplomates nord-coréens ont assisté sans prendre la parole à la réunion de l'ONU, la deuxième du genre organisée sur l'application du régime de sanctions imposé à Pyongyang.

Selon une source proche du dossier, les quatre navires visés par la décision de l'ONU ont pour noms PETREL 8 (numéro 9562233), HAO FAN 6 (numéro 8628597), TONG SAN 2 (numéro 8937675) et JIE SHUN (numéro 8518780). Selon le site internet MarineTraffic, les cargos PETREL, HAO FAN et TONG SAN battent respectivement pavillon des Comores, de Saint Kitts et Nevis et de la Corée du Nord. Le quatrième navire n'a pas de pavillon identifié.

«Il est crucial que les résolutions soient pleinement appliquées», a souligné lors de la réunion le président en exercice du Comité de suivi des sanctions internationales imposées à la Corée du Nord, le représentant adjoint de la mission italienne, Inigo Lambertini.

«Les sanctions ne sont pas un but en soi», elles visent à faire venir la Corée du Nord à une table de négociations pour parler de ses programmes d'armements qui sont jugés menaçants pour la stabilité mondiale, a souligné le diplomate après la rencontre. «Mais bien sûr, pour être efficaces des sanctions doivent être appliquées par tout le monde».

«L'objectif principal» d'une telle réunion est de sensibiliser les États membres de l'ONU à appliquer pleinement les résolutions de sanctions. «À la fin, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas», a relevé le diplomate italien.

«Enquêtes en cours»

Cet été, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, sous l'impulsion des États-Unis, un septième et un huitième train de sanctions économiques sévères contre la Corée du Nord, d'abord le 5 août, puis le 11 septembre, pour la punir d'avoir procédé à des essais de missiles balistiques et à un test nucléaire.

Le 5 août, l'ONU avait notamment interdit les exportations nord-coréennes de charbon, de fer et de pêche. Dans leur résolution, les Nations unies prévoyaient que le Comité des sanctions pouvait interdire de ports des navires transportant des marchandises interdites, sauf exception humanitaire décidée à l'avance par le Comité des sanctions.

Lors de la réunion de l'ONU, Hugh Griffiths a indiqué que Pyongyang continuait à contourner les sanctions en exportant du charbon. Des diplomates nord-coréens, en poste à l'étranger, font aussi des affaires commerciales au profit de leur pays, a-t-il précisé.

Le 11 septembre, l'ONU avait encore renforcé ses sanctions en interdisant les exportations de textile nord-coréen, en limitant les importations de pétrole de Pyongyang et en bannissant toute participation de ses États membres à des entreprises conjointes avec la Corée du Nord.

Selon Hugh Griffiths, au lieu de constater une fermeture de ces entreprises, les experts chargés de suivre l'application des sanctions les voient se développer. «Mais je ne peux rien dire sur des enquêtes en cours», a-t-il indiqué.