Après l'escalade verbale, la démonstration de force: des bombardiers américains ont volé près des côtes nord-coréennes samedi pour envoyer un «message clair» à Pyongyang, dont les provocations et les ambitions nucléaires ont déclenché une nouvelle poussée de fièvre entre les deux pays.

Le survol intervient au moment où la communauté internationale redoute un nouvel essai nucléaire de la Corée du Nord, dans un contexte d'échanges de plus en plus acrimonieux entre le président Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.

«C'est l'endroit le plus au nord de la zone démilitarisée qu'un avion américain ou un bombardier ait survolé au large des côtes nord-coréennes au 21e siècle, soulignant à quel point nous prenons au sérieux le comportement dangereux de la Corée du Nord», a expliqué la porte-parole du Pentagone Dana White.

La mission, effectuée par un bombardier B-1B et un chasseur F-15, «est une démonstration de la détermination américaine et un message clair que le président dispose de nombreuses options militaires pour faire face à toute menace». «Nous sommes prêts à utiliser toute la gamme de nos capacités militaires pour défendre les États-Unis et nos alliés», a-t-elle insisté.

Quelques heures plus tard, le chef de la diplomatie nord-coréenne, Ri Yong Ho, dénonçait à l'ONU les propos tenus cette semaine par Donald Trump contre son pays, qualifiant le président américain de «personne dérangée», de «mégalomane» et de «roi menteur».

«Gangster»

Le chef d'État américain, qualifié aussi de «gangster», a «entaché cette enceinte de mots violents et imprudents», et représente aujourd'hui «une des plus grandes menaces pour la paix», a ajouté le ministre à l'Assemblée générale annuelle de l'ONU.

«Viens d'entendre le ministre des Affaires étrangères de Corée du Nord parler à l'ONU. S'il fait écho aux pensées du Petit Homme-Fusée, ils vont bientôt disparaître», a rétorqué samedi soir Donald Trump sur Twitter.

Ri Yong Ho a enchaîné avec sa première rencontre avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Ce dernier lui a exprimé «sa préoccupation» devant la montée des tensions et souligné «la nécessité d'une solution politique» à la crise, selon ses services.

Dimanche, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé sur la chaîne russe NTV que «les Américains ne mèner(aient) pas de frappes contre la Corée (du Nord) car ils (...) sont certains qu'elle dispose de bombes nucléaires».

Selon M. Lavrov, la crise actuelle avec Pyongyang pourra être résolue «seulement avec des caresses, des suggestions et de la persuasion».

La crainte d'un nouvel essai nucléaire nord-coréen avait été ravivée samedi par un séisme de magnitude 3,5 en Corée du Nord, que les experts considèrent toutefois comme une probable réplique sismique du très puissant test effectué le 3 septembre.

AFP

Bulletin télévisé sur le séisme en Corée du Nord diffusé dans une gare à Séoul.

«Gâteux américain»

M. Trump a par ailleurs accusé samedi Téhéran de «travailler avec» la Corée du Nord, après un nouveau test de missile iranien.

«L'Iran vient de tester un missile balistique capable d'atteindre Israël. Ils travaillent aussi avec la Corée du Nord». Nous n'avons pas vraiment un accord !» a tweeté samedi le président américain, remettant une nouvelle fois en cause l'accord international sur le nucléaire iranien.

Reste que le spectre d'un nouvel essai a contribué à une escalade verbale considérable entre Donald Trump et Kim Jong-Un, malgré les appels de Moscou et Pékin à cesser les provocations.

M. Trump a décrit le leader nord-coréen comme «un fou qui ne craint pas d'affamer et de tuer son peuple» et avait promis de le mettre «à l'épreuve comme jamais».

«Je disciplinerai par le feu le gâteux américain mentalement dérangé», avait déclaré plus tôt Kim Jong-Un, deux jours après les propos belliqueux du président américain qui avait menacé, à la tribune de l'ONU, la Corée du Nord de «destruction totale» en cas d'attaque contre l'Amérique ou ses alliés.

Pyongyang, contre lequel l'ONU a voté un huitième train de sanctions, avait alors évoqué un possible essai de bombe H dans l'océan Pacifique.

AFP

Des étudiants mnifestaient samedi sur la place Kim Il-Sung.