Le président américain Donald Trump a affirmé dimanche qu'il envisageait d'arrêter «tous les échanges commerciaux» avec les pays faisant des affaires avec Pyongyang, après l'annonce d'un nouveau test nucléaire mené par la Corée du Nord.

«Les États-Unis examinent la possibilité, en plus d'autres options, de mettre fin à tous les échanges commerciaux avec tout pays faisant des affaires avec la Corée du Nord», a-t-il indiqué dans un tweet dans lequel il ne cite pas directement la Chine, destinataire de quelque 90% des exportations nord-coréennes.

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Le président américain Donald Trump a prévenu dimanche que toute politique d'apaisement était vouée à l'échec.

À un journaliste qui lui demandait à la sortie de l'église, en cette journée nationale de prière pour les victimes de la tempête Harvey, s'il envisageait une réponse militaire, le président américain a répondu: « Nous verrons ».

Plus tôt, le test nucléaire, nouveau défi à la communauté internationale, a été « une réussite parfaite », a annoncé la télévision publique nord-coréenne.

Le régime nord-coréen avait publié quelques heures avant des photos montrant son dirigeant Kim Jong-un en train d'inspecter ce qui était présenté comme une bombe H (bombe à hydrogène ou thermonucléaire) pouvant être installée sur le nouveau missile balistique intercontinental dont dispose le régime nord-coréen.

Celui-ci est en théorie capable d'atteindre le territoire des États-Unis.

Le président américain, qui avait promis « le feu et la colère » si Pyongyang continuait à proférer des menaces contre Washington et ses alliés, a dénoncé « des actions très hostiles et dangereuses pour les États-Unis ».

« La Corée du Sud s'aperçoit, comme je le leur ai dit, que leur discours d'apaisement avec la Corée du Nord ne fonctionnera pas, ils ne comprennent qu'une chose! », a-t-il lancé sur Twitter à l'intention de son homologue sud-coréen Moon Jae-in, partisan d'un dialogue avec le régime de Kim Jong-un.

Séoul a demandé « la punition la plus forte » y compris par des sanctions de l'ONU après cet essai.

Donald Trump va réunir dimanche son équipe de sécurité nationale, a annoncé la Maison-Blanche, tandis que le Trésor américain préparait de nouvelles sanctions.

« Ceux qui font des affaires avec eux [la Corée du Nord] ne pourront pas faire des affaires avec nous », a mis en garde le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, précisant que les États-Unis entendaient travailler avec leurs alliés et avec la Chine.

Le chef de la diplomatie Rex Tillerson américaine multipliait dimanche les contacts avec les pays alliés, a précisé sa porte-parole.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a d'ores et déjà infligé sept trains de sanctions au Nord pour tenter de le contraindre à renoncer à ses programmes interdits.

La Chine condamne

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont également prôné des sanctions bilatérales de l'Union européenne en plus de celles qui pourraient être décidées à l'ONU.

Principal allié de Pyongyang, la Chine a « condamné vigoureusement » la nouvelle provocation de Pyongyang. Elle a également entrepris des contrôles de radiations nucléaires à sa frontière avec la Corée du Nord.

La communauté internationale s'attendait en même temps qu'elle redoutait que la Corée du Nord procède à un nouvel essai.

Les experts estiment que l'option militaire contre le régime de Kim Jong-un est extrêmement risquée, car elle pourrait provoquer une réaction en chaîne et un grave conflit régional. Et la politique de sanctions s'est jusqu'ici révélée un échec.

Les agences géologiques étrangères ont d'abord détecté dimanche une secousse sismique d'une magnitude de 6,3 près du principal site nord-coréen d'essais nucléaires, à Punggye-Ri dans le nord-est.

La bombe « d'une puissance sans précédent », marque « une occasion très importante, le fait d'atteindre le but final qui est de parachever la force nucléaire de l'État », a déclaré la télévision d'État nord-coréenne.

Menace sur les États-Unis

Pyongyang n'a jamais caché que ses programmes interdits avaient pour but de mettre au point des missiles balistiques intercontinentaux susceptibles de porter le feu nucléaire sur le continent américain.

La télévision d'État nord-coréenne a diffusé une image de l'ordre manuscrit de Kim Jong-Un demandant que l'essai soit conduit ce 3 septembre à midi.

M. Kim a souligné que « tous les composants de cette bombe H ont été fabriqués à 100 % nationalement », selon l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.

Selon des spécialistes sud-coréens, la puissance de la nouvelle secousse était cinq à six fois supérieure à celle du précédent essai de septembre 2016, d'une puissance de 10 kilotonnes.

Quelle que soit la puissance de la déflagration, Jeffrey Lewis, du site armscontrolwonk.com, a estimé qu'il s'agissait d'une arme thermonucléaire, ce qui constitue un progrès notoire dans les programmes nucléaire et balistique nord-coréens pourtant interdits.

Un séisme d'une magnitude 4,6 a également secoué la Corée du Nord moins de dix minutes après la première secousse, a indiqué le Centre chinois de surveillance sismologique. Il a avancé l'hypothèse d'un « affaissement », ce qui suggère que la déflagration pourrait avoir entraîné un effondrement de la roche située au-dessus du lieu de l'explosion.

Cet essai va aggraver des tensions déjà très fortes sur la péninsule.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a dénoncé l'essai, mené « au mépris complet des demandes répétées de la communauté internationale ».

Le Conseil de sécurité de l'ONU a d'ores et déjà infligé sept trains de sanctions au Nord pour tenter de le contraindre à renoncer à ses programmes interdits.

Les États-Unis ont également commencé à frapper de sanctions des entités chinoises et russes, qui ont des relations d'affaires avec la Corée du Nord. Mais l'exercice est politiquement délicat vis-à-vis de Pékin.

La situation sur la péninsule s'était déjà tendue en juillet quand Pyongyang avait procédé à deux essais réussis d'un missile balistique intercontinental ou ICBM, le Hwasong-14, censé mettre le territoire américain à portée de frappes nord-coréennes.

Pour Koo Kab-woo, spécialiste de la Corée du Nord à l'Université de Séoul, « la Corée du Nord continuera avec son programme d'armes nucléaires à moins que les États-Unis proposent des discussions ».