Au lendemain d'un tir balistique ayant échoué par la Corée du Nord, le président américain Donald Trump a lancé une mise en garde, affirmant que Pyongyang parviendra bientôt à fabriquer de meilleurs missiles.

«On ne peut pas leur laisser faire ça», a-t-il dit lors d'un entretien préenregistré à l'émission Face the Nation, sur les ondes de CBS. Durant cette même entrevue, M. Trump a refusé de discuter des options militaires, affirmant que les pays concernés jouaient une partie d'échecs.

«Je ne veux pas que les gens sachent ce que je pense», a-t-il dit.

Si la Corée du Nord effectue un nouvel essai nucléaire, «je ne serai pas content», a-t-il ajouté. «Et je peux également vous dire, je ne crois pas non plus que le président de la Chine, qui est un homme très respecté, sera content».

Peu importe, a précisé le président, que l'énergie employée à résoudre le problème nord-coréen se fasse au détriment du bras de fer commercial qu'il a promis d'avoir avec le géant économique asiatique qu'est la Chine. 

«Franchement, je pense que la Corée du Nord est peut-être plus importante que le commerce. Le commerce est très important. Mais comparé à une guerre totale avec potentiellement des millions de morts, je dirais que le commerce passe après», a assuré M. Trump.

«Petit malin»



Il a estimé que le dirigeant Kim Jong-Un était un «petit malin» pour avoir réussi à s'imposer au pouvoir malgré son jeune âge et les ambitions concurrentes de hauts gradés dans son pays.

«Les gens se demandent s'il est sain d'esprit. Je n'en sais rien. Ce que je peux vous dire -et plein de gens n'aiment pas que je le dise- c'est qu'il a succédé à son père à l'âge de 26 ou 27 ans. Il a affaire à des personnes évidemment coriaces, en particulier les généraux et d'autres. Et très jeune il est parvenu à assumer le pouvoir».

Son conseiller à la sécurité nationale, le général H.R. McMaster a déclaré que le récent test balistique de la Corée du Nord est une provocation envers la communauté internationale, ajoutant que ce pays représente «une grave menace», non seulement pour les États-Unis et ses alliés, mais aussi pour la Chine.

«(Il est important) que nous confrontions tous ce régime, ce régime qui tente de doter des missiles d'ogives nucléaires», a-t-il dit à l'émission Fox News Sunday.

M. Trump dit croire que le président de la Chine, Xi Jinping, exerce des pressions sur la Corée du Nord pour qu'il cesse son programme nucléaire.

Tir saboté ?



M. Trump a refusé de dire dimanche si le tir fait par la Corée du Nord avait raté en raison d'une manoeuvre de sabotage américaine, une éventualité débattue dans la presse.

M. Trump n'est pas sorti du pays lors de ces cent jours, mais il a récemment dépêché son vice-président Mike Pence en Corée du Sud et au Japon, alliés des États-Unis.

Ce voyage, a expliqué M. Pence sur NBC dimanche, «avait pour objectif de les rassurer, en ces temps agités où nous assistons à des provocations accrues du régime nord-coréen, sur le fait que les États-Unis sont à leurs côtés».

Les États-Unis maintiennent quelque 28 500 militaires en Corée du Sud. «La population sud-coréenne sait que les États-Unis seront là pour la défendre», a affirmé le vice-président américain.

Les États-Unis y ont également envoyé un sous-marin nucléaire et un porte-avions.

Les États-Unis et la Corée du Sud ont commencé à installer un controversé système de défense qui doit être partiellement opérationnel d'ici quelques jours.

Environ 300 manifestants ont affronté 800 policiers dans le village de Seongj, là où doit est installé ce système.

Séoul et Washington mènent des exercices navals en mer du Japon

La Corée du Sud et les États-Unis ont bouclé dimanche leurs manoeuvres militaires annuelles conjointes, tout en poursuivant des exercices navals qui ont provoqué la fureur de Pyongyang.

La situation est particulièrement tendue sur la péninsule coréenne du fait d'indices selon lesquels la Corée du Nord pourrait réaliser un sixième essai nucléaire, et en raison des avertissements de l'administration Trump, qui n'écarte pas de recourir à la force pour «régler» le problème.

Les exercices conjoints «Foal Eagle», qui se terminent comme prévu dimanche selon le ministère sud-coréen de la Défense, ont impliqué 20 000 militaires sud-coréens et 10 000 soldats américains.

Un autre exercice conjoint et annuel, «Key Resolve», s'est achevé le mois dernier.

Les deux sont construits autour de scénarios de conflit avec le Nord. Séoul et Washington soutiennent que leur nature est purement défensive.

Mais Pyongyang les présente comme des répétitions d'une prochaine invasion de la Corée du Nord, d'où la crispation observée chaque année, au moment de ces manoeuvres, du côté du régime nord-coréen.

La fin de ces exercices permet en général d'aborder une phase plus sereine sur la péninsule coréenne.

Mais cela ne devrait pas être le cas cette année. Donald Trump a averti jeudi d'un possible «conflit majeur» avec Pyongyang qui n'a pas mis le frein sur ses programmes balistiques prohibés.

La Corée du Nord a encore procédé samedi à un tir de missile balistique, tir soldé par un échec, en riposte apparente à un appel solennel des États-Unis à l'ONU à contrecarrer la «menace nucléaire» de Pyongyang par un renforcement des sanctions internationales.

Et le ministère sud-coréen de la Défense a confirmé dimanche qu'un exercice naval se poursuivait avec les États-Unis en mer du Japon, impliquant notamment le groupe aéronaval américain emmené par le porte-avions Carl Vinson.

Ces manoeuvres destinées à tester la capacité à intercepter les missiles nord-coréens doivent encore durer plusieurs jours.

La Corée du Nord a menacé par l'intermédiaire de ses médias officiels d'attaquer le Carl Vinson. Et dimanche, un site internet commandité par le régime nord-coréen a mis en garde contre une possible frappe contre un sous-marin américain à propulsion nucléaire déployé dans la zone.