Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mardi à l'unanimité les derniers tirs de missiles balistiques nord-coréens, alors que le dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-Un a appelé au renforcement de son arsenal nucléaire.

Pyongyang a lancé lundi trois missiles de portée intermédiaire au large de sa côte orientale, une opération immédiatement dénoncée par le Japon, Séoul et les États-Unis.

«La Corée du Nord doit comprendre que ses provocations ne feront que renforcer son isolement», a affirmé ainsi le président américain Barack Obama après des consultations à huis clos, les 15 membres du Conseil ont «condamné fermement» ces lancements. Ils ont menacé de prendre des «mesures significatives supplémentaires», qu'ils n'ont pas précisées, si Pyongyang continue à les défier.

Cette déclaration a été adoptée à l'unanimité, y compris par la Chine, qui est le principal allié du régime nord-coréen. Pyongyang a effectué ses tirs en pleine réunion du G20 en Chine, ce qui a pu inciter Pékin à la fermeté.

La déclaration souligne que le régime communiste nord-coréen a choisi de poursuivre ses essais balistiques -- menant onze séries de tirs depuis avril -- «avec un mépris flagrant pour les déclarations répétées du Conseil de sécurité».

Non seulement ces essais violent les résolutions de l'ONU, mais ils «contribuent au développement» par Pyongyang de vecteurs d'armes nucléaires, souligne le Conseil.

Les résolutions de l'ONU interdisent à la Corée du Nord tout programme nucléaire ou balistique. Mais malgré les sanctions très dures dont elle fait l'objet, elle ne semble pas vouloir y renoncer.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a d'ailleurs exprimé sa «grande satisfaction après l'exercice de tirs réussi des missiles balistiques».

Ceux-ci ont démontré la capacité de son armée à lancer «une attaque préventive contre ses ennemis, à n'importe quel moment, de n'importe quel endroit», a rapporté mardi l'agence officielle KCNA.

Kim Jong-Un a souligné la nécessité pour son pays «de poursuivre sur la lancée de ces réalisations miraculeuses en renforçant la force nucléaire, pas après pas, en cette année historique».

Version améliorée des Scud

D'après le ministère sud-coréen de la Défense, il s'agissait de missiles Rodong d'une portée d'un millier de kilomètres.

Ils se sont abîmés en mer du Japon, également appelée mer Orientale, Tokyo précisant qu'ils étaient tombés dans sa Zone économique exclusive (ZEE).

Ces engins sont une version améliorée des missiles Scud, d'une portée maximum de 1300 kilomètres, ce qui leur permettrait d'atteindre la quasi-totalité du territoire japonais.

Depuis son quatrième essai nucléaire en janvier, suivi en février par un tir de fusée généralement considéré comme un essai balistique déguisé, la Corée du Nord multiplie les lancements de missiles.

Le journal nord-coréen Rodong Sinmun a publié neuf photographies des derniers essais, ainsi qu'une image du dirigeant suprême arborant un large sourire, debout devant une carte, entouré de cadres tout sourire.

D'après Melissa Hanham, spécialiste du programme d'armements nord-coréen à l'Institut Middlebury pour les études internationales de Californie, il est difficile d'évaluer pour l'instant si le Nord a réalisé des progrès techniques avec ces derniers tirs.

Le précédent lancement nord-coréen date du 24 août, lorsque Pyongyang avait tiré un engin à partir d'un sous-marin (SLBM).

Le missile avait parcouru un demi-millier de kilomètres en direction du Japon, ce qui constituait pour les experts une nette avancée dans ses programmes balistiques.

Une véritable capacité SLBM ferait monter d'un cran la menace nucléaire nord-coréenne, en ce que Pyongyang pourrait porter sa dissuasion bien au-delà de la péninsule coréenne.

Elle offrirait également à la Corée du Nord une capacité de «seconde frappe» dans l'éventualité d'une attaque contre ses bases militaires.

Kim Jong-Un avait qualifié ce tir de «plus grand succès» et déclaré que le continent américain était à portée de frappe nord-coréenne.

Séoul a riposté à la multiplication des tirs de missiles nord-coréens en acceptant le déploiement controversé sur son sol du bouclier antimissile américain THAAD, une décision condamnée à la fois par Pékin et Moscou.