Les États-Unis et ses alliés se sont efforcés mercredi d'obtenir une condamnation formelle et unie du Conseil de sécurité de l'ONU après les derniers tirs balistiques nord-coréens mais se sont heurtés aux réticences de la Chine.

À l'issue de deux heures de consultations à huis clos, l'ambassadrice américaine Samantha Power et son homologue japonais Koro Bessho ont affirmé que plusieurs membres du Conseil avaient « fermement condamné » le tir effectué mercredi par Pyongyang et qui a atteint pour la première fois les eaux japonaises.

« J'ai toutes les raisons de penser, a déclaré Mme Power, que le Conseil sera capable de se rassembler d'une manière rapide et unie pour dénoncer les derniers tirs », qu'elle a qualifiés de « nouvelle et grave menace pour la paix et la sécurité internationales ».

Koro Bessho a plaidé pour « un message de fermeté » du Conseil face à une « action totalement inacceptable de la part de la Corée du Nord ». Il a souhaité « un accord dès que possible ».

L'ambassadeur adjoint britannique Peter Wilson avait lui aussi appelé le Conseil « à prendre très au sérieux » le dernier essai balistique nord-coréen.

Selon Mme Power, qui s'est adressée à la presse en compagnie de ses homologues japonais et sud-coréen, Washington va « continuer à faire pression pour une pleine application de la résolution 2270 » adoptée par le Conseil début mars.

Celle-ci a alourdi considérablement l'arsenal des sanctions internationales contre la Corée du Nord, en réponse au quatrième essai nucléaire et à un tir de fusée.

Mais sa mise en oeuvre dépend en grande partie de la Chine, principal partenaire commercial et seul soutien de Pyongyang.

L'ambassadeur chinois Liu Jieyi s'est montré réticent devant des journalistes. « Nous devons travailler de manière responsable pour garantir que les tensions baissent » sur la péninsule coréenne, a-t-il expliqué. « Rien ne doit être fait qui puisse exacerber ces tensions ».

Il a aussi souligné que « certains facteurs contribuent à la tension », en référence apparente au bouclier antimissile américain qui doit être déployé en Corée du Sud et que la Chine considère comme une atteinte à sa sécurité.

Interrogé à ce propos, Mme Power a fait valoir que « les actions entreprises (par Washington) avec la Corée du Sud sont purement défensives » et qu'elles ne peuvent servir de justification aux essais balistiques de Pyongyang.

Dans une lettre conjointe, dix membres du Conseil dont Washington et Tokyo, ainsi que l'Australie et la Corée du Sud, ont demandé au Comité des sanctions de l'ONU d'enquêter sur des essais balistiques nord-coréens datant de juillet, ce qui pourrait mener à des sanctions ciblées contre des particuliers ou entreprises liés aux programmes militaires de Pyongyang.

Plusieurs résolutions des Nations unies interdisent au régime communiste nord-coréen toute activité balistique ou nucléaire.

Mais Pyongyang a déjà mené quatre essais nucléaires, dont le dernier en janvier, et toute une série d'essais balistiques.

Les États-Unis sont toujours en négociation avec la Chine pour mettre au point une réaction formelle du Conseil en réponse à un précédent tir nord-coréen depuis un sous-marin en juillet mais ces discussions piétinent, selon des diplomates.

La dernière déclaration adoptée unanimement par le Conseil en réponse à un essai balistique nord-coréen date du 23 juin, à la suite du lancement de deux engins de moyenne portée.