La Corée du Sud a lancé un ultimatum jeudi à la Corée du Nord, la mettant en demeure de renouer le dialogue sur le site industriel intercoréen de Kaesong, fermé de facto par Pyongyang depuis le 3 avril, faute de quoi le régime s'expose à des «mesures significatives».

«Nous proposons officiellement des entretiens entre nos deux gouvernements», a indiqué le porte-parole du ministère de l'Unification, Kim Hyung-Seok, soulignant que le Nord devrait répondre à l'offre avant vendredi.

«Si la Corée du Nord refuse ces entretiens, nous aurions à décider de mesures significatives», a-t-il ajouté, sans préciser la nature de la rétorsion envisagée.

Le Nord interdit aux Sud-Coréens l'accès au complexe, situé sur son territoire à une dizaine de kilomètres de la frontière, depuis le 3 avril. Il en a retiré ses 53 000 employés dans un contexte de très vives tensions sur la péninsule.

La mise en demeure sud-coréenne pourrait indiquer que Séoul est prêt à retirer définitivement, du moins durablement, ses 850 employés de Kaesong, dont une grande proportion de cadres qui font tourner les 123 entreprises sud-coréennes.

Seuls 176 Sud-Coréens demeurent actuellement sur place.

«Le Sud devrait logiquement ordonner à tous les personnes encore présents de quitter Kaesong», a estimé Cho Bong-Hyun du centre d'études économiques IBK à Séoul.

Mais «tant le Sud que le Nord rechignent à évoquer explicitement avant l'autre la fermeture de Kaesong, simplement pour éviter d'en porter la responsabilité», a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a invité mercredi la Corée du Nord à «prendre au sérieux» l'offre de dialogue du Sud, déjà formulée ces derniers jours, à propos de l'avenir du complexe.

Kaesong est l'unique reliquat des efforts de rapprochement intercoréen, après le gel des relations bilatérales en 2010. Il a généré en 2012 un chiffre d'affaires de 469,5 millions de dollars, une manne en termes d'emploi, d'impôts et d'apport en devises étrangères.

Le site est toujours resté ouvert à de rares et brèves exceptions près.

Il est né dans le sillage de «la diplomatie du rayon de soleil», menée par la Corée du Sud de 1998 à 2008 aux fins d'encourager les contacts entre les deux frères ennemis qui restent techniquement en guerre puisque la Guerre de Corée (1950-53) s'est terminée par un armistice et non par un traité de paix.

La fédération des entreprises de Kaesong jugeait cruciale jeudi la reprise sans délai des négociations sur la réouverture de Kaesong que les deux Corées s'étaient engagées à faire fonctionner sans interruption pendant 50 ans.

«Les entrepreneurs de Kaesong ne renonceront pas à leurs droits garantis par les deux gouvernements», a indiqué la fédération dans un communiqué.