La Chine semble «irritée» par les provocations de son allié nord-coréen, mais ne compte pas abandonner son soutien au régime, car elle souhaite conserver un «État tampon» à ses frontières, a affirmé jeudi le patron du renseignement américain, James Clapper.

«La Chine a une nouvelle équipe dirigeante et les indications que nous avons sont qu'elle est plutôt irritée par le comportement et la rhétorique guerrière de Kim Jong-un», a déclaré le directeur national du renseignement (DNI), James Clapper, lors d'une audition devant la commission du Renseignement de la Chambre des représentants.

Le DNI, qui chapeaute les 16 agences de renseignement américaines, a reconnu qu'il était difficile de savoir si le jeune dirigeant nord-coréen suivrait les pas de son père dans ses relations avec Pékin, qui détient une énorme influence sur l'économie de la Corée du Nord.

«Contrairement à son père, je pense qu'il sous-estime l'irritation et l'embarras des Chinois à son encontre», a estimé M. Clapper.

Pour autant, la Chine ne veut en aucun cas permettre une chute du régime de Pyongyang, selon lui.

Le pire scénario pour Pékin serait son écroulement qui «faciliterait l'unification de la Corée» sous l'égide du Sud, et placerait ainsi un allié des États-Unis à la frontière chinoise.

«D'un point de vue géopolitique, la Chine est très sensible au fait d'avoir cet État tampon en Corée du Nord», a-t-il expliqué.

Cette audition a aussi permis de montrer que Kim Jong-un restait pour l'essentiel une énigme pour les agences de renseignement américaines.

«On ne peut pas dire comment il va se comporter parce qu'il est impétueux»,  a jugé M. Clapper, pour qui Kim Jong-un semble plus disposé à entreprendre des «actions agressives» que son père Kim Jong-il, mort fin 2011.

«Généralement son père provoquait puis calmait les choses. On n'a pas encore vu ça avec Kim Jong-un», a noté le patron du renseignement américain, estimant qu'il cherchait sans doute à «consolider et affirmer son pouvoir».