Un Canadien, dont l'identité reste nébuleuse, a joué un rôle central dans la prise d'otage d'In Amenas, en Algérie, la semaine dernière, selon le gouvernement algérien. Cette attaque sanglante a fait 67 morts, selon un bilan rendu public hier.

L'identité de cet homme reste entourée de mystère. Le premier ministre de l'Algérie, Abdelmalek Sellal, l'a simplement appelé Shadad. Il n'a pas précisé s'il a été tué ou arrêté lors du raid de l'armée qui a mis fin à un siège de quatre jours, samedi.

«Un Canadien faisait partie des militants, a dit M. Sellal au cours d'une conférence de presse. Il coordonnait l'attaque.»

Plusieurs agences de presse rapportent que deux Canadiens faisaient partie du commando de 32 hommes qui s'est emparé du site gazier exploité par la firme BP. Mais le communiqué officiel du gouvernement algérien ne fait état que d'un Canadien.

La semaine dernière, un journaliste de l'agence de presse mauritanienne ANI a indiqué à La Presse que plusieurs djihadistes canadiens se trouvaient parmi les preneurs d'otages. Cela expliquerait pourquoi certains témoins affirment que leurs assaillants avaient un accent nord-américain.

Liens étroits

Les liens étroits entre le Canada et les filières islamistes radicales ont déjà fait l'objet de plusieurs rapports du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Dans les années 90, Montréal a servi de refuge à plusieurs membres du maintenant défunt Groupe islamique armé (GIA) algérien. Cette filière serait toujours présente au pays, selon l'ex-juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière.

Pour l'heure, Ottawa ne confirme pas l'implication d'un Canadien dans le raid. Mais le ministre des Affaires étrangères, John Baird, n'a pas infirmé cette possibilité non plus.

«Nous sommes au courant de reportages selon lesquels un Canadien aurait été impliqué dans la prise d'otages en Algérie, a indiqué le porte-parole du ministre, Rick Roth, hier. Nous tentons d'obtenir davantage d'information par tous les canaux appropriés et demeurons en contact étroit avec les autorités algériennes.»

Aucun Canadien ne figure parmi les victimes des djihadistes. Un résident permanent se trouvait dans la région au moment du raid, mais il a depuis quitté l'Algérie sain et sauf, indique le ministère des Affaires étrangères.

67 morts

Le dernier bilan, rendu public hier par le premier ministre Sellal, fait état de 67 morts: 38 otages et 29 djihadistes.

Un Algérien figure parmi les victimes, mais les étrangers représentent la très vaste majorité. Certains ont été tués d'une balle dans la tête lorsque l'armée algérienne a pris le complexe d'assaut, samedi.

Les victimes viennent du Japon, des Philippines, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Norvège, de la Roumanie et de la Malaisie.

Le bilan pourrait s'alourdir davantage. Cinq étrangers manquent toujours à l'appel.

Les terroristes ont indiqué la semaine dernière avoir agi en riposte aux frappes françaises lancées au Mali. Or, selon Alger, le raid était planifié depuis deux mois, donc bien avant le début de l'opération Serval.

Aidés de l'intérieur

Le commando est parti du Mali et a transité par le Niger et la Libye avant de gagner l'Algérie. Ses membres avaient une connaissance étroite du site gazier, ce qui porte à croire qu'ils ont été aidés de l'intérieur. Au moins un ex-employé, un chauffeur d'origine nigériane, faisait partie du groupe, selon les autorités algériennes.

Parmi les assaillants se trouvait un groupe d'experts en explosifs qui comptait faire sauter le complexe.

Les combattants sont arrivés à In Amenas à bord de neuf camions Toyota portant des plaques libyennes, selon le quotidien El Khabar. Les véhicules portaient les couleurs de la société algérienne Sonatrach, l'une des sociétés qui exploitent le gisement de gaz naturel.

Ils ont d'abord tenté de s'emparer d'un convoi de deux autobus remplis d'étrangers mais, pris en chasse par les forces de sécurité, ils ont gagné le complexe. De là, ils ont séparé les Algériens des étrangers, et gardé ces derniers en otages. Ils ont forcé plusieurs d'entre eux à porter des ceintures d'explosifs.

Le drame d'In Amenas en chiffres

Le commando


2 mois de planification

32 hommes

8: nombre de pays d'où provenaient les terroristes Tunisie (11), Algérie (3), Égypte, Mali, Niger, Mauritanie, Canada

29 combattants tués

3 combattants faits prisonniers

Les victimes

38 morts

7: nombre de pays d'origine des victimes Japon (7), États-Unis (3), Grande-Bretagne (3), Norvège, Roumanie, Malaisie, Philippines.

5 manquent à l'appel