Des milliers d'hommes continuaient jeudi à combattre les incendies de forêt en Russie, notamment près du centre nucléaire de Sarov, à 500 km à l'est de Moscou, où un nouveau foyer s'est déclaré alors qu'ailleurs, on craint la propagation des retombées de Tchernobyl.

Renforçant ces inquiétudes, en Ukraine, le ministère des Situations d'urgence a révélé jeudi que plusieurs hectares de tourbières étaient en feu depuis trois jours à seulement 60 km au sud de l'ancienne centrale soviétique accidentée en 1986.

L'incendie qui s'est déclaré lundi dans la localité de Sosnivka, à 60 km au nord de Kiev, «ne présente pas de danger», a assuré à l'AFP la porte-parole du ministère des Situations d'urgence Viktoria Rouban.

La zone de sécurité autour de la centrale de Tchernobyl, lieu de la plus grande catastrophe nucléaire civile, est d'un rayon de 30 kilomètres.

L'Ukraine est touchée, comme la Russie voisine, par une canicule sans précédent, accompagnée de feux de forêt et de tourbières.

Le service russe de surveillance des forêts avait suscité l'inquiétude en révélant mercredi que les incendies avaient ravagé près de 300 hectares dans la région de Briansk (ouest de la Russie), contaminée par Tchernobyl.

À Sarov, à environ 500 km à l'est de Moscou, les autorités ont reconnu jeudi que la situation s'était à nouveau dégradée dans les forêts entourant cette ville qui abrite un important centre nucléaire.

Les feux ont d'ailleurs interrompu le trafic sur la voie ferrée desservant la ville. «Pour combattre le feu qui se propage dans le district de Pervomaïski, un train de pompiers a été placé sur la voie menant à Sarov», interrompant le trafic, a indiqué la cellule de crise locale.

Selon le ministère des Situations d'urgence sur place, le feu progresse vers la voie ferrée et la présence du train spécial, équipé de citernes avec de grandes quantités d'eau et de lances puissantes, vise à contenir sa propagation vers le centre nucléaire.

D'après la cellule de crise, des avions et hélicoptères effectuent des largages d'eau sur les flammes dans cette zone et des engins de terrassement ont été mobilisés pour créer des zones tampon face au feu.

Les incendies de forêt qui font rage dans la partie occidentale de la Russie se sont rapprochés la semaine dernière de ce centre nucléaire.

Après avoir nié tout danger, les autorités avaient affirmé le 4 août avoir évacué toutes les matières fissiles et explosives du centre. Elles avaient indiqué lundi avoir remis en place ces équipements, les incendies étant officiellement maîtrisés.

Les autorités russes ont par ailleurs assuré jeudi que le niveau de radioactivité dans le pays était normal.

«Nous avons un maillage serré de monitoring et nous menons une surveillance renforcée. Nulle part en Russie n'a été enregistrée de hausse du niveau de radiation liée à la propagation de résidus de combustion», a déclaré le directeur-adjoint du service fédéral de météorologie, Valeri Diadioutchenko.

Des experts russes et occidentaux ont minimisé le risque lié à cette propagation.

Alexeï Iablokov, un ancien responsable de l'écologie au Conseil de sécurité russe, a cependant souligné jeudi que les particules radioactives pouvaient se propager sur des centaines de kilomètres et contaminer le nord-ouest de la Russie, Moscou, ou l'Europe de l'est.

Enfin, la capitale russe était toujours épargnée jeudi par la fumée des incendies de la région qui l'avait fait suffoquer jusqu'à mardi. La police a en revanche indiqué à Interfax avoir évacué deux villages dans le district de Chatoura, à une centaine de kilomètres à l'est de Moscou.

Selon le ministère des Situations d'urgence, la surface des feux de forêt qui ont fait 54 morts selon un bilan officiel, a été réduite à 81.000 hectares dans la partie occidentale de la Russie.

Plus de 800 000 hectares ont brûlé depuis juillet dans ces incendies qui ont ravagé des villages entiers.