Le panel de chefs d'État africains chargé de dénouer la crise ivoirienne a exigé vendredi «l'arrêt immédiat des tueries», au moment où une flambée de violences fait craindre une guerre civile dans le pays.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a elle aussi réclamé l'«arrêt immédiat de la violence» et accusé le président sortant Laurent Gbagbo de «mépris inhumain pour la vie humaine et l'État de droit».

Présidé par Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), le groupe mandaté par l'Union africaine (UA) s'est réuni à Nouakchott après une première rencontre le 20 février, pour esquisser une issue à la crise née du scrutin de novembre opposant M. Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale.

«Le groupe demande l'arrêt immédiat des tueries et des exactions provoquant des pertes en vie humaines, ainsi que des manifestations, marches populaires et autres activités susceptibles de dégénérer en troubles et en violences», indique un communiqué publié à l'issue de la rencontre de six heures.

Le panel a appelé à «la plus grande retenue» et réclamé «la levée du blocus imposé à l'hôtel du Golf» d'Abidjan, où sont retranchés M. Ouattara et son gouvernement.

Formé également de Jacob Zuma (Afrique du Sud), Jakaya Kikwete (Tanzanie), Idriss Deby Itno (Tchad) et Blaise Compaoré (Burkina Faso), il doit tenir «dans les meilleurs délais» sa prochaine réunion, à laquelle les rivaux seront invités, pour «parachever» sa mission.

Comme il l'avait fait du 21 au 23 février, le panel - à l'exception de Blaise Compaoré, récusé par le camp Gbagbo qui l'accuse de parti pris pro-Ouattara - devait initialement se rendre à Abidjan, selon des sources diplomatiques.

Mais ce sera finalement le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, qui fera le déplacement samedi, porteur d'un «message» à MM. Gbagbo et Ouattara.

Mis en place par l'UA fin janvier, le panel avait au départ jusqu'à fin février pour élaborer des solutions «contraignantes». Mais ce délai a été repoussé d'un mois, illustrant les divisions et les difficultés du quintette, alors que la situation dans le pays se dégrade chaque jour.

Le Conseil de sécurité de l'ONU redoute même une «résurgence de la guerre civile» après les combats de 2002-2003 qui avaient coupé le pays en deux, le nord étant aux mains de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) désormais alliée à M. Ouattara.

De son côté, la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) enquête sur des livraisons d'armes légères en provenance du Zimbabwe, en violation de l'embargo sur les armes à ce pays, selon un rapport confidentiel que l'AFP a pu consulter vendredi.

Cinquante personnes ont été tuées dans des violences entre le 24 février et le 3 mars, portant à au moins 365 le nombre de tués depuis fin 2010, selon l'Onuci.

Ce bilan ne prenait pas en compte la mort de sept femmes, tuées par balles lors d'une manifestation à Abidjan, dans le quartier pro-Ouattara d'Abobo, par les Forces de défense et de sécurité (FDS) de Laurent Gbagbo, selon le dernier bilan de l'Onuci.

M. Ouattara a dénoncé une «barbarie inqualifiable».

Les FDS ont nié toute responsabilité dans ce drame, protestant contre une «accusation forcément mensongère et sans fondement».

La France a souhaité que le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU se saisisse des violences et mette en place une «commission d'enquête crédible et impartiale sous l'égide de l'ONU».

Sur le plan humanitaire, la situation est également préoccupante.

L'insécurité a poussé «plus de 200 000 personnes» hors d'Abobo en environ une semaine. Dans l'ouest, plus de 70 000 habitants ont fui le pays principalement vers le Liberia voisin, selon l'ONU.

Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés a annoncé avoir suspendu certaines de ses opérations dans l'ouest, où s'affrontent depuis plusieurs jours FDS soutenues par des miliciens et combattants FN.