Au moins 14 000 Ivoiriens fuyant la crise politique et les violences dans leur pays se sont réfugiés au Liberia voisin depuis l'élection présidentielle il y a bientôt un mois, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

«Avec l'augmentation de ce nombre, les besoins humanitaires augmentent pour les réfugiés, des femmes et enfants pour la plupart, ainsi que pour les villages qui les accueillent» dans l'est du Liberia, situés à l'ouest de la Côte d'Ivoire, a précisé l'HCR dans un communiqué samedi soir. Dans les villages, «les réserves alimentaires commencent à manquer malgré les efforts du gouvernement et des agences humanitaires pour apporter davantage d'aide», ajoute l'organisme basé à Genève.

La situation ne s'arrange pas pour l'heure en Côte d'Ivoire, où Laurent Gbagbo continue de revendiquer la victoire au second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre, alors que les Nations unies ont certifié l'élection de l'opposant Alassane Ouattara. Ce dernier est retranché avec son gouvernement dans un hôtel d'Abidjan protégé par la force onusienne de l'ONUCI, mais encerclé par les forces ivoiriennes pro-Gbagbo, non loin du siège officiel du pouvoir toujours tenu par le chef de l'État sortant et son équipe.

De plus en plus isolé sur la scène internationale, interdit de séjour aux États-Unis ou dans l'Union européenne et désormais menacé d'être chassé par la force par la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Laurent Gbagbo dénonce un complot international.

Jusqu'ici, les forces de sécurité lui sont restées fidèles, mais cela pourrait changer s'il ne peut plus les payer: l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a demandé à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest de couper l'accès du président sortant aux comptes de la Côte d'Ivoire, et donné la signature à Alassane Ouattara. Une mesure jugée «illégale et manifestement au-delà de leur compétence» par le porte-parole de M. Gbagbo, Ahoua Don Mello.

Les fonctionnaires ont été payés jeudi, mais selon de hauts responsables diplomatiques ayant requis l'anonymat, les réserves financières de Laurent Gbagbo ne devraient pas lui permettre de diriger le pays plus de trois mois.

Un embargo sur les exportations du précieux cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial avec 40% du total, aurait sans doute plus d'impact que les sanctions actuelles, mais ce n'est pas vraiment envisagé étant donné les intérêts européens et américains dans ce commerce, estime Peter Pham, analyste de la sécurité en Afrique.

Sur le front de l'information, la télévision d'État, qui n'évoque jamais la victoire d'Alassane Ouattara reconnue par la communauté internationale, était restée sous le contrôle du clan Gbagbo jusqu'à jeudi, mais à présent 80% du territoire ne la reçoit plus. On ne la capte plus qu'à Abidjan. «Nous ne savons pas qui a fait ça, mais nous sommes évidemment bien contents», a déclaré un conseiller de M. Ouattara, Amadou Coulibaly.