La défense de Bradley Manning, «taupe» présumée de WikiLeaks, a demandé lundi l'abandon de quatre charges pesant contre lui, estimant que l'accusation ne disposait pas de preuves à son encontre.

Son avocat David Coombs a demandé à la juge militaire qu'elle classe sans suite les chefs de vol de propriété du gouvernement, de violation d'accès à un ordinateur militaire, de révélation d'adresses courriel et surtout de «collusion avec l'ennemi», pour lequel il encourt la prison à vie.

Alors que le procès du jeune homme, accusé d'une des plus importantes fuites d'informations classifiées de l'histoire américaine, est entré dans sa sixième semaine sur la base de Fort Meade (Maryland, nord-est), au nord de la capitale Washington, la défense a commencé à appeler ses témoins à la barre.

Pour l'accusation, Manning savait que les informations qu'il avait transmises à WikiLeaks pouvaient tomber dans les mains d'al-Qaïda. Pour son avocat, Manning était peut-être «naïf», mais bien intentionné en voulant dénoncer la politique américaine en Irak et en Afghanistan.

Le jeune analyste de renseignement en Irak, âgé de 25 ans, a reconnu avoir transmis plus de 700 000 documents à WikiLeaks, dont de nombreux câbles diplomatiques américains.

Avant de laisser la défense dérouler son argumentaire, l'accusation avait subi la semaine dernière un embarrassant revers en reconnaissant que l'armée avait perdu l'original du contrat de Manning, qui précisait les termes de son accès à des données classifiées.

L'un des premiers témoins de la défense entendu lundi a dressé les louanges du jeune analyste.

«Il était de loin notre meilleur analyste» dans le domaine de l'exploitation de données, a affirmé Joshua Ehresman, qui dirigeait l'équipe de renseignement dans laquelle travaillait Manning et d'autres soldats du rang.

Contrairement à d'autres, à qui il fallait expliquer en détail les besoins, Manning «trouvait exactement ce que nous cherchions», a-t-il raconté, ajoutant qu'il n'y avait pas de règle établie sur le chargement de données sur des CD-Rom, l'un des moyens utilisés par Manning pour copier les documents transmis à WikiLeaks.

Un autre témoin attendu cette semaine est le colonel Morris Davis, ancien procureur militaire des détenus de Guantanamo. Depuis sa retraite, il est devenu un ardent critique des méthodes de détention et de poursuites criminelles contre les suspects de terrorisme.

Le procès devrait durer jusqu'au 23 août.