Les chefs des diplomaties britannique et équatorienne se sont séparés lundi sans réaliser de «percée» ni même de «progrès substantiel» sur le sort du fondateur de WikiLeaks Julian Assange, retranché depuis un an à l'ambassade d'Équateur à Londres.

Illustrant l'impasse des négociations, le ministre équatorien Ricardo Patino a indiqué à la presse que Julian Assange lui avait «dit avoir suffisamment de force pour tenir encore au moins cinq ans dans (l')ambassade s'il ne reçoit pas de sauf-conduit».

Au cours de leurs 45 minutes de discussions bilatérales, Ricardo Patino et William Hague «sont tombés d'accord sur le fait qu'un groupe de travail devrait être établi en vue de trouver une solution diplomatique au cas de Julian Assange, mais aucun progrès substantiel n'a été réalisé», a indiqué de son côté le ministère britannique des Affaires étrangères dans un communiqué.

Mercredi, cela fera exactement un an que le fondateur de WikiLeaks, âgé de 41 ans, s'est réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres afin d'échapper à une extradition vers la Suède pour des agressions sexuelles présumées qu'il nie.

Il redoute d'être à terme transféré aux États-Unis, furieux de la publication par WikiLeaks de centaines de milliers de documents secrets américains, et d'y encourir la peine de mort.

L'Équateur lui a accordé l'asile politique, mais Londres entend appliquer le mandat d'arrêt suédois, validé par les tribunaux britanniques. Si le cybermilitant met un pied dehors, il sera arrêté et extradé en Suède.

Les ministres «se sont mis d'accord pour maintenir ouvertes les voies de communication, mais n'ont réalisé aucune percée sur le sort de Julian Assange», a indiqué le Foreign Office.

William Hague a «été à nouveau clair sur le fait que tout règlement (de ce problème) devrait se faire dans le respect des lois du Royaume-Uni», a ajouté le ministère.

Quito s'est dit engagé à agir dans la légalité et la transparence. «Assange ne va pas s'échapper, nous n'allons rien faire de manière dissimulée ou subreptice. L'Équateur ne va pas agir illégalement, nous n'allons pas mettre Monsieur Assange dans le coffre d'une voiture ou dans un souterrain», a déclaré Ricardo Patino au cours d'une conférence de presse.

«Quand Monsieur Assange sortira de l'ambassade d'Équateur, il sortira par la grande porte. Il sortira par devant, vers notre pays et vers la liberté», a ajouté le ministre, qui a rendu visite dimanche soir à Julian Assange dans les locaux diplomatiques situés dans un appartement à deux pas des grands magasins Harrods. Le ministre était encore sur place à 4 h 30 du matin, à en juger par ses tweets.

«Le gouvernement équatorien considère que les raisons de lui accorder l'asile restent valables», a poursuivi le ministre, ajoutant que Julian Assange était victime d'une «injustice» et d'une «grave violation des droits de l'homme».

Dimanche soir, le ministre équatorien était apparu aux côtés du fondateur de WikiLeaks à une fenêtre de l'ambassade, saluant une centaine de partisans de M. Assange réunis devant l'immeuble, sous les yeux des photographes.

Dans un récent entretien avec l'AFP, Julian Assange avait lui-même indiqué qu'il n'escomptait pas de dénouement rapide à sa situation, qui se heurte selon lui «à un problème de prestige pour les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Suède».