Le président de l'Équateur, Rafael Correa, a accusé la Grande-Bretagne de commettre la «pire violation» envers le fondateur du site internet WikiLeaks, Julian Assange, réfugié depuis près d'un an dans l'ambassade du pays latino-américain à Londres.

«Quelle pire violation des droits de l'homme peut subir une personne qui n'a pas la possibilité de sortir d'une ambassade, alors qu'un État lui a accordé l'asile politique», a lancé M. Correa lors d'un entretien à la radio équatorienne Majestad.

«C'est même un manque de considération pour l'État qui lui a accordé cet asile politique», a-t-il souligné.

M. Assange s'est réfugié le 19 juin 2012 à l'ambassade équatorienne afin d'échapper à une extradition vers la Suède pour une affaire de viol, dans laquelle il clame son innocence, mais Londres entend appliquer le mandat d'arrêt suédois.

Le cybermilitant craint d'être à terme transféré vers les États-Unis, furieux de la publication par WikiLeaks de documents secrets américains, et d'y encourir la peine de mort ou la prison à vie, une inquiétude que partage M. Correa, un dirigeant socialiste aux relations souvent conflictuelles avec Washington.

«Imaginez un instant l'inverse. Qu'une personne, pour divers motifs, se soit réfugiée à l'ambassade britannique ou américaine en Équateur et que, pendant un an, nous refusions de lui accorder un sauf-conduit», a poursuivi le chef de l'État, investi la semaine dernière à Quito pour un nouveau mandat de quatre ans.

En conflit ouvert avec les groupes privés de médias, qui le taxent régulièrement d'autoritarisme, il a reproché à la presse d'opposition de passer cette affaire sous silence, l'accusant de «double morale».

Son intervention intervient au lendemain de l'annonce par le chef de la diplomatie équatorienne Ricardo Patiño de son intention de rendre à Londres pour y rencontrer M. Assange et remettre aux autorités britanniques un dossier en faveur d'un sauf-conduit.

« Tout dépend désormais de la Grande-Bretagne, de la Suède et de l'Europe» car «l'Équateur a fait tout ce qu'il fallait», a insisté M. Correa.