La justice militaire américaine a rejeté mardi une requête de la défense demandant l'abandon des charges contre le soldat Bradley Manning, «taupe» présumée de WikiLeaks, jugeant que la procédure judiciaire avait dépassé le principe de «délai raisonnable».

Dans un jugement lu lors d'une audience préparatoire au procès sur la base militaire de Fort Meade (Maryland), la juge militaire Denise Lind a annoncé que «la motion pour abandonner les charges est rejetée».

Le soldat de 25 ans, ancien analyste de renseignement en Irak, a passé samedi le cap des 1000 jours passés en détention provisoire, depuis son arrestation le 28 mai 2010.

Le code de justice militaire américain dispose que les chefs d'accusation doivent être formulés dans les 120 jours, tout en prévoyant que des délais puissent être accordés pour des raisons valides. Manning n'a été formellement inculpé que le 23 février 2012.

Pour son avocat David Coombs, l'armée, en avançant à un «rythme d'escargot», a violé les droits de son client à être jugé dans un délai raisonnable.

Mais mardi, la juge Denise Lind a au contraire estimé que «le gouvernement a travaillé avec diligence» dans cette affaire. L'accusation avait requis notamment sept délais de 30 jours pour s'assurer qu'elle pouvait utiliser comme éléments à charges plus de 380 000 pages de documents souvent classifiés, le temps d'en référer aux services compétents.

«Cette démarche systématique devrait être encouragée», a même salué la juge, selon qui «chacun des sept délais demandés par le gouvernement est justifié».

Au total, sur 330 jours de délai que la défense considérait indus, la juge ne lui a donné raison que pour six. Si l'on exclut donc les délais accordés, il ne s'est écoulé que 90 jours entre la mise en détention et l'inculpation, loin donc des 120 jours limites pour formuler les charges, a-t-elle ajouté.

La juge doit encore statuer mardi sur le principe de délai raisonnable au regard de la Constitution. L'audience doit se poursuivre jusqu'à vendredi.

Bradley Manning encourt la perpétuité pour l'une des plus importantes fuites de documents classifiés de l'histoire américaine. Il est soupçonné d'avoir fourni à WikiLeaks, qui les a ensuite rendus publics, des documents militaires sur les guerres en Irak et en Afghanistan et des milliers de câbles diplomatiques du département d'État.