Le procès devant un tribunal militaire du soldat américain Bradley Manning, accusé d'avoir transmis à WikiLeaks des centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques, a été repoussé de février à mars 2013, a annoncé dimanche un juge militaire.

M. Manning comparaît cette semaine à la base militaire de Fort-Meade (Maryland, est) lors d'audiences préliminaires avant son procès prévu initialement le 4 février prochain.

Mais la juge, la colonelle Denise Lind, a indiqué dimanche que la justice avait besoin d'un peu plus de temps pour se pencher sur les arguments de la défense et du procureur.

Le procès militaire, qui devrait durer six semaines, pourrait alors commencer le 6 ou le 18 mars, a précisé la juge.

Le soldat Manning, âgé de 24 ans encourt la prison à perpétuité pour avoir transmis à WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et 260 000 dépêches du département d'État, déclenchant une tempête dans la diplomatie mondiale.

Durant les audiences préliminaires de cette semaine, les avocats de la défense ont demandé l'abandon de toutes les poursuites contre leur client.

Ils cherchent à démontrer que les conditions d'emprisonnement de Manning pendant neuf mois sur la base militaire de Quantico en Virginie (est) constituent une «punition illégale préventive», proscrite par le code militaire.

Dimanche, les débats se sont concentrés sur la crise d'identité sexuelle que traverserait Manning, rapportée par le conseil militaire du soldat, le sergent Ryan Jordan, lors de sa détention à Quantico. «La première fois qu'on l'a placé en détention, je crois qu'il s'est présenté sous le pseudonyme de Breanna Elizabeth Manning», a expliqué le sergent Ryan Jordan à la juge.

Le conseil avait demandé que Manning soit placé sous surveillance particulière pour l'empêcher de se suicider, affirmant toutefois que ses troubles d'identité sexuelle n'avaient pas motivé en premier lieu cette décision. «Je l'ai pris en considération, mais cela n'a pas été un facteur déterminant» pour le placer sous surveillance, a-t-il dit à la juge.

Dans des documents judiciaires, l'avocat de Manning a fait allusion à la possibilité que le soldat ait pu être victime d'homophobie de la part des gardes de la base.

Des experts judiciaires interrogés par l'AFP estiment qu'il est peu probable que la justice abandonne les poursuites contre Manning, mais que ses conditions d'emprisonnement pourraient avoir une incidence sur sa peine.