La Suède, qui a lancé un mandat d'arrêt contre Julian Assange, devrait lui donner l'assurance qu'il ne sera pas extradé vers les États-Unis s'il accepte de se rendre à Stockholm pour être interrogé, a estimé jeudi Amnesty International.

Le fondateur du site internet WikiLeaks est réfugié depuis le 19 juin à l'ambassade d'Équateur à Londres afin d'échapper à une extradition vers la Suède dans une affaire de viol et agression sexuelle présumés.

Il dit craindre d'être extradé ensuite vers les États-Unis et d'y être jugé pour espionnage, en raison de la divulgation par WikiLeaks de centaines de milliers de télégrammes militaires et diplomatiques américains.

«Les autorités suédoises devraient donner l'assurance au Royaume-Uni et à Julian Assange que s'il quitte l'ambassade d'Équateur et accepte d'aller en Suède (...), il ne sera pas extradé vers les États-Unis en relation avec l'affaire WikiLeaks», a jugé Amnesty International dans un communiqué.

«En premier lieu, cela permettrait de sortir de l'impasse actuelle et ensuite, cela voudrait dire que justice sera rendue aux femmes qui l'accusent d'agressions sexuelles», a fait valoir Nicola Duckworth, directeur de la recherche au sein de l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres.

«Il est vital que les États montrent qu'ils traitent avec le plus grand sérieux les accusations de violences sexuelles et qu'ils respectent à la fois les droits des plaignantes et de la personne accusée», a-t-il noté.

Amnesty reconnaît ne pas avoir «de preuve que la Suède projette d'extrader Assange vers les États-Unis». Mais l'organisation estime que «le transfert forcé de Julian Assange aux États-Unis dans les circonstances actuelles pourrait l'exposer à un risque réel de violation grave des droits de l'Homme».

Elle évoque notamment «la possibilité que ses droits d'expression soient bafoués et le risque qu'il soit incarcéré dans des conditions contraires aux règles prohibant la torture et tout traitement cruel, inhumain ou dégradant».

Londres, qui entend respecter le mandat d'arrêt suédois, et Quito, qui a accordé l'asile politique à Assange, n'ont toujours pas trouvé d'accord sur son cas lors de la rencontre de leurs ministres des Affaires étrangères jeudi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.