Le site WikiLeaks a annoncé jeudi la publication de plus de deux millions de courriels de personnalités politiques et de responsables officiels syriens, datant d'août 2006 à mars 2012, sans en révéler le contenu.

« WikiLeaks a commencé à publier les dossiers de Syrie, plus de deux millions de courriels de personnalités politiques syriennes, de ministères et d'entreprises datant d'août 2006 à mars 2012 », a déclaré une porte-parole du site, Sarah Harrison, au cours d'une conférence de presse à Londres.

« Ces documents sont embarrassants pour la Syrie, mais sont également embarrassants pour les opposants extérieurs à la Syrie », a commenté le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, sans plus de précisions, dans une déclaration transmise de l'ambassade d'Équateur à Londres, où il est réfugié depuis le 19 juin.

La porte-parole de WikiLeaks a refusé de donner des détails sur le contenu de ces courriels.

Julian Assange, 41 ans, est passible d'extradition vers la Suède, qui le réclame pour une affaire de viol et d'agression sexuelle présumés. Actuellement réfugié à l'ambassade d'Équateur pour tenter d'échapper à cette extradition, il attend une réponse de Quito à sa demande d'asile politique.

L'Australien craint d'être, dans un deuxième temps, extradé vers les États-Unis en vue d'y être jugé pour espionnage, après la divulgation par son site de plus de 250 000 télégrammes diplomatiques américains.

La Syrie est en proie depuis mars 2011 à une révolte populaire contre le régime de Bachar al-Assad qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression exercée par les troupes régulières. Plus de 16 500 personnes, en majorité des civils, ont été tuées en 15 mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Au Liban, le quotidien Al-Akhbar, considéré comme sympathisant du régime de Damas et de son allié libanais le Hezbollah, a confirmé qu'il allait « collaborer avec WikiLeaks au cours des prochaines semaines en vue de la diffusion d'un grand nombre de courriers électroniques portant sur les activités de l'élite politique et des hommes d'affaires de Syrie ».

Le rédacteur en chef du quotidien, Ibrahim al-Amine, a indiqué que le quotidien procèderait à un tri, après s'être enquis de la véracité de chaque courriel.

« La Syrie traverse une période sensible et il est important de trier ce qui est vrai et ce qui est fabriqué », a-t-il dit, cité par le site internet du quotidien.

« Une chose est claire », a-t-il toutefois souligné, « l'hypocrisie des politiques internationales est allée très loin en ce qui concerne la Syrie ».

Le journal avait déjà publié une série de câbles concernant le Liban diffusés par WikiLeaks.