Une supérieure du soldat américain Bradley Manning, soupçonné d'avoir été la «taupe» de WikiLeaks, a assuré mardi qu'elle s'était opposée à son déploiement en Irak, lors d'une audience devant déterminer si le soldat doit être traduit en cour martiale.

L'ancienne caporale Jihrleah Showman a également raconté une altercation,  survenue entre elle et Manning juste avant son arrestation en mai 2010 et au cours de laquelle le jeune soldat l'aurait frappée au visage.

L'audience se tient sur la base militaire de Fort Meade, près de Washington. Elle doit permettre de déterminer si Manning doit comparaître devant une cour martiale où il encourt la prison à vie pour «collusion avec l'ennemi».

Le jeune homme de 24 ans est accusé d'avoir transmis à WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260 000 dépêches diplomatiques du département d'État.

Mme Showman a déposé mardi par téléphone. Elle a dit avoir été déployée avec Manning en Irak en novembre 2009, où elle était sa supérieure hiérarchique au sein d'une unité d'analyse de renseignement militaire.

Elle a raconté s'être prononcée auprès de la hiérarchie pour que Manning ne soit pas déployé avec le reste de l'unité. Après avoir été témoin de scènes, avant leur déploiement, où le soldat se laissait submerger par ses émotions, Mme Showman aurait, selon ses dires, conseillé que Manning soit traité et qu'il n'ait plus accès aux informations confidentielles.

«Vous aviez l'impression que son niveau de paranoïa était très élevé?», lui a demandé l'avocat civil de Manning, David Coombs.

«C'est exact», a-t-elle rétorqué. Et lorsque l'avocat lui a demandé si la «paranoïa» de Manning, qui est homosexuel, pouvait être liée à des «troubles de l'identité sexuelle», elle a estimé que «rien ne l'indiquait».

L'accusation a également interrogé Mme Showman sur une altercation qu'elle a eue avec Manning trois semaines avant son arrestation, et qui a conduit à ce qu'il soit démis de ses fonctions.

«Il a été radié parce qu'il m'a frappée au visage, sans que je le provoque, il était incontrôlable et il a été jugé indigne de confiance», a-t-elle confié.