La Haute Cour de justice britannique a accordé un nouveau délai à Julian Assange dans la bataille judiciaire contre son extradition vers la Suède, en convenant qu'un point «d'intérêt général» pouvait être soulevé devant la Cour suprême.

Le fondateur de WikiLeaks dispose de 14 jours pour déposer une ultime demande d'appel devant la plus haute juridiction britannique.

Cette dernière peut soit l'accepter, soit la rejeter, ce qui marquerait la fin d'une année entière de procédure et provoquerait son départ vers Stockholm.

Presque un an jour pour jour après son interpellation le 7 décembre à Londres, Julian Assange, 40 ans, est sorti soulagé lundi de l'audience.

Le fondateur de WikiLeaks, manteau gris et chemise blanche, s'est sobrement déclaré satisfait de la décision, avant de lancer lors d'un bref point de presse: «la longue lutte pour la justice et pour moi-même continue».

Dans un jugement à double détente, les deux juges de la Haute Cour ont refusé de donner suite à l'appel d'Assange, tout en reconnaissant que son cas comportait une «question d'intérêt général» méritant un examen devant la Cour suprême.

En conséquence de quoi Julian Assange peut donc porter son cas lui-même devant les juges de la Cour suprême.

Si cette dernière «refuse la demande d'appel, c'est fini», a convenu Gareth Pierce, membre de son équipe d'avocats.

La défense de M. Assange conteste la validité du mandat d'arrêt européen lancé par la Suède au motif qu'il a été émis par un procureur travaillant pour le compte de l'État, en l'occurrence Marianne Ny. Elle conteste aussi qu'il soit arrêté alors qu'il n'est pas formellement inculpé.

«C'est un cas d'école», avait expliqué devant la Haute Cour Mark Summers, au nom de la défense de Julian Assange. «Le fait de savoir si un procureur peut émettre un mandat d'arrêt européen est un point de droit d'intérêt général» avait-il fait valoir.

Depuis son arrestation le 7 décembre 2010 dans la capitale britannique, Assange a déjà comparu à dix reprises devant les tribunaux, tentant d'enrayer la mécanique judiciaire déclenchée par le mandat d'arrêt émis par Stockholm pour une affaire de viol et d'agressions sexuelles présumés.

S'il est débouté par la Cour suprême, Assange, qui a toujours crié au complot face aux deux Suédoises qui l'accusent de relations sexuelles non consenties, devrait théoriquement être extradé sous dix jours et emprisonné en Suède.

Ses partisans craignent qu'il soit remis ensuite à la justice américaine. Le fondateur de WikiLeaks fait figure d'ennemi public numéro un aux États-Unis depuis la publication en 2010 de milliers de télégrammes diplomatiques américains.

L'avocat des plaignantes s'indigne

L'avocat des plaignantes contre Julian Assange a regretté lundi la décision de la Haute Cour de justice britannique d'accorder un nouveau délai au fondateur de Wikileaks, estimant que s'il n'était pas extradé, le principe du mandat d'arrêt européen serait «jeté par la fenêtre».

«Ça ne va pas du tout», a déclaré Claes Borgstroem à l'agence de presse suédoise TT.

«Les règles sont simples. Si ce processus ne s'achève pas par son extradition, alors vous pouvez jeter tout le système du mandat d'arrêt européen par la fenêtre», a poursuivi l'avocat.

Il a jugé «regrettable qu'Assange ne choisisse pas d'en finir avec le processus judiciaire» suédois.

L'aura du flamboyant porte-parole de WikiLeaks a toutefois pâli depuis cette publication événement.

Assigné à résidence dans le manoir d'un ami dans la campagne anglaise depuis un an, obligé de porter un bracelet électronique et contraint à un couvre-feu, Assange a perdu de nombreux soutiens.

Les rangs de ses partisans se sont éclaircis au fil des audiences, et la presse britannique ne porte plus qu'une attention très limitée à son interminable saga judiciaire.

Le site WikiLeaks lui-même a été contraint à l'automne de stopper la publication de documents confidentiels, pour se consacrer à la recherche de financements, après l'interdiction de ses sites bancaires sur l'internet.

WikiLeaks a repris jeudi dernier la publication de documents sur l'utilisation de technologies de surveillance par les gouvernements pour espionner leurs propres citoyens. Mais ces nouvelles révélations n'ont pas soulevé, loin de là, le même intérêt que lors du «cablegate».