La Haute Cour de Londres a confirmé mercredi l'extradition du fondateur de WikiLeaks Julian Assange vers la Suède, un jugement qui survient après 11 mois de bataille juridique, mais reste susceptible d'appel devant la Cour suprême.

Les deux juges chargés du dossier ont rejeté dans leurs attendus les arguments de la défense selon lesquels la demande d'extradition de l'Australien de 40 ans, recherché en Suède pour une affaire de viol et agressions sexuelles présumées, était «injuste et contraire à la loi».

Assange, qui dispose de 14 jours pour faire appel de la décision auprès de la Cour Suprême, n'a pas immédiatement annoncé sa décision à la sortie du tribunal.

«Nous allons réfléchir à nos prochaines démarches dans les jours qui viennent», a-t-il dit dans une brève déclaration devant une forêt de micros et de caméras.

Les juges ont précisé mercredi qu'un éventuel appel devant la Cour Suprême ferait l'objet d'une audition ultérieure, à une date qui n'a pas été fixée.

Toutefois, cet ultime appel est soumis à des conditions draconiennes: l'appel peut être autorisé par la Haute Cour ou la Cour suprême uniquement s'il porte sur un point juridique d'intérêt général, c'est-à-dire dépassant le cas juridique spécifique de M. Assange.

Le fondateur de WikiLeaks, âgé de 40 ans, est accusé par deux Suédoises d'avoir eu des relations contraintes et non protégées en août 2010, ce qu'il dément.

Impassible, Julian Assange, vêtu d'un costume sombre, prenait des notes pendant que le président de la Cour, Sir John Thomas, rejetait un à un les arguments soulevés par sa défense pour faire appel d'une première décision d'extradition en février.

La Haute Cour a notamment rejeté l'argument selon lequel certains faits qualifiés de viol en Suède pouvaient s'apparenter à un acte consenti au Royaume-Uni. «On voit difficilement comment une personne peut raisonnablement être dite consentante si elle affirme qu'elle dormait», a estimé la Cour dans ses attendus, ajoutant «qu'en outre, le consentement n'aurait pas été donné sans préservatif».

Il est reproché à Julian Assange d'avoir eu des relations sexuelles non protégées avec une des plaignantes, qui avait explicitement demandé l'utilisation d'un préservatif. L'autre plaignante lui reproche d'avoir profité du fait qu'elle était endormie pour lui imposer un rapport sexuel.

La Cour a également rejeté l'argument selon lequel l'extradition n'était pas «proportionnée», faisant état de la «gravité» des agressions sexuelles.

Elle a aussi estimé que le mandat d'arrêt européen était bien légal, ce que contestaient les avocats d'Assange, avançant qu'il avait été émis par un simple procureur et non un tribunal.

L'Australien a été arrêté en décembre au Royaume-Uni sous l'effet d'un mandat d'arrêt européen. Assange nie formellement les faits qui lui sont reprochés. Il dénonce une machination politique, liée à la divulgation par le site WikiLeaks de centaines de milliers de télégrammes diplomatiques américains à partir de novembre 2010, faisant de lui la bête noire de Washington.

Le fondateur de WikiLeaks, assigné à résidence en Grande-Bretagne dans l'attente de la décision de justice, vit dans le manoir d'un ami, à deux heures de Londres. Il est soumis à un couvre-feu et porte un bracelet électronique.

Dans une autobiographie «non autorisée» publiée en septembre, Julian Assange avait démenti une nouvelle fois les viols qui lui sont reprochés, lançant «Je suis peut-être un phallocrate, mais pas un violeur (...) Ces deux femmes ont eu des relations sexuelles avec moi pleinement consenties».