La Haute Cour de Londres achève mercredi l'examen de l'appel du fondateur de WikiLeaks Julian Assange contre son extradition en Suède pour viol et agressions sexuelles présumés, nouvelle étape dans un parcours judiciaire dont les recours sont loin d'être épuisés.

Comme lors de la première journée d'audience mardi, Julian Assange s'est installé peu avant 9h GMT (5h, heure de Montréal) dans la salle du tribunal entouré d'une meute de caméramans et photographes. Une cinquantaine de journalistes sont présents pour l'occasion, soit nettement moins que lors du procès en première instance, en février. L'Australien de 40 ans, jadis habitué des Unes, n'a plus droit aujourd'hui qu'à quelques colonnes en pages intérieures dans la presse britannique.

Revêtu d'un costume bleu foncé et d'une cravate rouge sur une chemise blanche, il n'a fait aucun commentaire à la presse. Une dizaine de ses partisans étaient également réunis face à la Cour, brandissant des pancartes où on pouvait lire: «Dénoncer des crimes de guerre n'est pas un crime! Ne tirez pas sur le messager».

Au cours de la journée de mercredi, la défense de Julian Assange a terminé en milieu de matinée son argumentaire. Mark Summers, un des avocats de l'ancien pirate informatique, a une nouvelle fois argué de la nullité de la demande d'extradition, soulignant que son client n'avait pas encore été officiellement inculpé en Suède.

«Aucune décision de poursuivre ou d'inculper n'a été prise. L'enquête préliminaire reste ouverte», a-t-il déclaré, soulignant que la loi suédoise permettrait à son client d'être interrogé sans être physiquement en Suède pour les besoins de l'enquête.

La défense a ensuite laissé la parole à l'accusation, représentée par l'avocate anglaise qui agit pour le compte de la Suède, Clare Montgomery.

La défense avait récemment laissé entendre que la Cour ne prononcerait pas immédiatement son jugement, mais le mettrait en délibéré. Les avocats de M. Assange ont de toute façon déjà signalé qu'ils étaient prêts à tous les recours, jusqu'à la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du Royaume-Uni.

Son avocat suédois, Björn Hurtig, a cependant déclaré mardi qu'il y avait «un grand risque» que son client soit extradé.

M. Assange a été arrêté en décembre au Royaume-Uni avant d'être assigné à résidence dans une propriété de la campagne anglaise appartenant à un de ses partisans. Il est accusé par deux Suédoises d'avoir eu des relations contraintes et non protégées en août 2010, ce qu'il dément.

Mardi, au cours d'une première journée d'audience, un de ses conseils, Ben Emmerson, a affirmé que ce qui était reproché à son client «ne constituerait pas une infraction au Royaume-Uni».

Le viol a en effet une définition beaucoup plus étendue en Suède que dans d'autres pays, ce qui vaut au pays nordique le record d'Europe du nombre de plaintes.

En première instance, en février dernier, la justice britannique avait donné son feu vert à l'extradition de l'Australien.

Dénonçant une machination politique, Julian Assange voit dans la procédure suédoise la main mise des États-Unis après la publication par WikiLeaks, site internet spécialisé dans la divulgation de documents secrets, de rapports de l'armée américaine sur les guerres en Afghanistan et en Irak, ainsi que de télégrammes diplomatiques américains très embarrassants pour l'administration américaine.

M. Assange craint d'être extradé à terme aux États-Unis où l'administration américaine souhaite le traîner devant les tribunaux.