Après un premier revers en février, Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, entame une seconde manche judiciaire pour bloquer son extradition vers la Suède.

Le plaidoyer des avocats de Julian Assange se lisait comme un thriller érotique, hier matin, à la Haute Cour de Londres. Les termes «pénis», «érection» et «pénétration» ont été prononcés des dizaines de fois sous les voûtes gothiques de la salle no 4, où Julian Assange tentait de faire casser la décision de la justice britannique d'autoriser son extradition vers la Suède.

La justice suédoise désire l'interroger au sujet de plaintes d'agressions sexuelles et de «viol léger» déposées par deux femmes en août 2010.

Son avocat, Ben Emmerson, a tenté d'invalider le mandat d'arrêt international au motif que les témoignages des plaignantes sont moins incriminants.

Dans le cas de l'allégation de «coercition sexuelle», selon laquelle Julian Assange aurait tenté d'avoir une relation sexuelle avec la première plaignante en l'immobilisant avec son poids, il a fait remarquer: «Après un certain temps, Assange lui a demandé pourquoi elle résistait. Elle a répondu qu'elle voulait qu'il mette un préservatif. Il a alors lâché ses bras pour obtempérer.»

Quant au «viol léger», qui se serait produit, sans protection, pendant le sommeil de la seconde femme, l'avocat de la firme Matrix Chambers a souligné que la plaignante n'avait pas mis un terme au coït après s'être réveillée.

«Elle a senti qu'il était trop tard pour arrêter et a consenti à ce que la relation se poursuive, a-t-il expliqué. Comment la justice suédoise a-t-elle pu croire qu'un crime avait été commis?» La conduite sexuelle d'Assange avait tout au plus «repoussé les limites» de ce que les plaignantes jugeaient acceptable.

La défense a également insisté sur le fait que l'objectif du mandat d'arrêt, «extrêmement trompeur», n'était pas d'inculper Assange, mais de l'interroger, ce qui peut se faire à distance.

Contrairement à son habitude, Julian Assange n'a pas fait de discours enflammé à la sortie du tribunal. Ce changement d'attitude coïncide avec l'embauche de nouveaux avocats moins colorés, dont la sommité Gareth Peirce, incarnée par Emma Thompson dans le film In the Name of the Father en 1994.

«Grand risque» d'extradition

Julian Assange craint d'être livré à la justice américaine s'il est extradé en Suède. Un de ses avocats, Björn Hurtig, a même prévenu, hier à Stockholm, peu avant le début de l'audience à Londres, qu'il y avait «un grand risque» que son client soit extradé. La majorité des experts croient aussi qu'Assange a peu de chances de remporter sa bataille judiciaire compte tenu des ententes de réciprocité entre la Grande-Bretagne et la Suède.

L'apparition du grand blond a provoqué une commotion médiatique dans la capitale. Des touristes ont pris sa photo du haut d'un autobus à impériale alors qu'il se frayait un chemin jusqu'à un taxi.

Ses infatigables supporters étaient au rendez-vous. Mary Eng, Californienne qui croit que l'affaire est un complot, a expliqué: «Karl Rove, ancien conseiller de George W. Bush, est un ami du premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt.»

Aujourd'hui, ce sera au tour de la procureure de la Suède de plaider. Le jugement ne sera pas rendu avant quelques semaines.