La puissante organisation américaine de défense des libertés civiles ACLU a écrit mercredi au secrétaire à la Défense Robert Gates pour dénoncer les conditions de détention «inhumaines» du soldat Bradley Manning, accusé d'avoir fourni à WikiLeaks des milliers de documents.

«Je vous écris pour vous faire part de notre grande préoccupation quant aux conditions inhumaines dans lesquelles est détenu le soldat Bradley Manning à la prison militaire de Quantico», écrit Anthony Romero, directeur de l'Aclu dans cette lettre diffusée à la presse.

Il rappelle que Bradley Manning «n'a été déclaré coupable d'aucun crime» et que sa détention provisoire devrait le préserver de «sanctions punitives» dispensées, selon lui, «gratuitement» par le Pentagone.

«La Cour suprême a depuis longtemps établi que le gouvernement viole le VIIIe amendement de la Constitution interdisant les châtiments cruels et inhabituels lorsqu'"il inflige une souffrance arbitrairement et sans raison"», a poursuivi M. Romero.

«Aucune raison légitime ne justifie de laisser Bradley Manning (...) à l'isolement dans une inactivité absolue, de le priver de sommeil en multipliant les inspections pendant la nuit, de le priver de toute possibilité de faire de l'exercice, même dans sa cellule, de lui retirer ses lunettes afin qu'il ne puisse pas lire», a-t-il énuméré.

Le Pentagone «n'a pas non plus de raison légitime pour exiger du soldat Manning qu'il se tienne debout entièrement nu, jambes écartées, parties génitales à l'air libre sous le regard des gardiens et agents présents».

«Le réel objectif d'un tel traitement est d'humilier et de traumatiser» le prisonnier, a analysé M. Romero en demandant à M. Gates de «prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que le soldat Manning soit traité humainement et dans le respect de la loi».

Bradley Manning, 23 ans, est détenu depuis juillet 2010 pour avoir transmis à WikiLeaks des milliers de documents secrets américains. Il a été inculpé notamment de «collusion avec l'ennemi» et risque la prison à vie.