Les avocats de Julian Assange ont contesté pied à pied lundi devant la justice britannique la légalité de la demande d'extradition formulée par la Suède, niant la validité des accusations de viol portées contre lui et mettant en avant le risque d'un «déni de justice».

«On a collé sur cette affaire l'étiquette «viol» et j'espère que tout le monde verra à l'issue de cette audition qu'il n'y a rien derrière», a lancé le fondateur de WikiLeaks, à l'issue d'une première journée d'audience devant le tribunal de de Belmarsh, à Londres.

Assange a toujours farouchement nié les accusations de violence sexuelle portées contre lui par deux jeunes Suédoises. Et ses supporteurs estiment qu'il est victime d'un complot lié à la divulgation par WikiLeaks de dizaines de milliers de documents officiels qui ont embarrassé nombre de gouvernements.

La parole étant lundi à la défense, les avocats d'Assange ont ouvert un premier front en mettant en question la qualification de viol.

A la veille de l'audition, un rapport de police a été diffusé sur l'internet: une de ses accusatrices y raconte par le menu comment il lui a imposé un rapport sexuel non protégé pendant son sommeil.

«Ce qui est considéré comme viol en Suède ne l'est pas dans les autres pays», a fait valoir Me Geoffrey Robertson qui a aussi relevé qu'un procès pour ce motif se déroulait traditionnellement à huis clos dans ce pays, ce qui constituerait «un flagrant déni de justice» pour Assange.

Les avocats du fondateur de WikiLeaks plaident aussi que le mandat d'arrêt n'est pas recevable dans la mesure où leur client n'a pas été inculpé. Ils assurent que la procureure en charge de l'affaire n'était pas habilitée à l'émettre.

Autre argument: le «risque réel» qu'une fois extradé en Suède, l'Australien, âgé de 39 ans, soit envoyé aux États-Unis pour être «interné sur la base de Guantanamo» voire «condamné à mort», en violation de la convention européenne des droits de l'Homme.

La justice américaine a ouvert une enquête contre Assange, mais elle ne l'a pas inculpé et n'a pas demandé son extradition.

La défense a appelé à la rescousse une juge suédoise à la retraite, aujourd'hui professeur de droit à l'université de Stockholm, qui a affirmé que la procureure en charge de l'enquête avait «plutôt un parti-pris contre les hommes» dans les affaires d'agressions sexuelles. «Honnêtement, je ne comprends pas son attitude» dans le cas Assange, a lancé Brita Sundberg-Weitman à la barre. «Cela ressemble à de la malveillance».

Dès le début de sa comparution, la cinquième depuis l'arrestation d'Assange à Londres début décembre, mais sans conteste la plus importante, la défense avait occupé le terrain, en mettant en ligne l'ensemble de son argumentation. Un geste exceptionnel destiné à «remettre fondamentalement en cause le bien fondé du mandat d'arrêt européen».

L'audience, suivie pendant six heures lundi par une centaine de journalistes autorisés à couvrir les débats via twitter, doit s'achever mardi après-midi. Mais l'Australien, qui vit depuis la mi-décembre en résidence surveillée dans la campagne anglaise, ne devrait pas connaître immédiatement le sort qui lui est réservé car en pareil cas, la décision du juge est d'ordinaire mise en délibéré.

Si le feu vert est donné à l'extradition, Assange dispose encore de nombreux recours, si bien que la procédure pourrait in fine prendre plusieurs mois.