Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a caressé pendant deux heures l'espoir de pouvoir quitter sa prison londonienne mardi, jusqu'à ce que la Suède - qui réclame son extradition - fasse appel de sa mise en liberté sous caution ordonnée par un tribunal londonien.

Julian Assange doit désormais comparaître sous 48 heures devant la Haute cour de justice, qui décidera s'il convient ou pas de le maintenir dans la maison d'arrêt «victorienne» de Londres où il croupit, dans une cellule d'isolement, sans ordinateur et avec un contact réduit à une visite hebdomadaire, aux dires de ses avocats.

Ces derniers ont créé la confusion et vite déchanté, mardi après-midi.

L'avocat londonien Mark Stephens a d'abord annoncé tout sourire aux journalistes qu'à moins d'un appel de la Suède, son client sortirait de prison après versement d'une caution de 240 000 ou de 200 000 livres (environ 317 000 $) selon les versions, exigée en liquide. La somme devait être déboursée par plusieurs personnalités dont trois cinéastes engagés, le Britannique Ken Loach, l'Américain Michael Moore et l'Australien John Pilger. La libération était une question d'heures, tout au plus 24 heures, à entendre les avocats.

Pour prix de sa liberté, l'Australien de 39 ans devait par ailleurs accepter de porter un bracelet électronique permettant à la police de suivre ses déplacements, d'être assigné à résidence dans une propriété du Suffolk, de respecter un couvre-feu.

Julian Assange n'en a pas moins accueilli le pouce levé en signe de victoire la décision du tribunal de Westminster.

Son espoir d'une libération rapide a été conforté quand Mark Stephens est venu annoncer aux journalistes que la Suède renonçait à interjeter appel. Mais l'avocat est rapidement revenu sur ses dires, plaidant «un problème de communication».

Julian Assange, rappelé devant le tribunal, s'est vu signifier l'appel suédois et son maintien en prison.

C'est «un état de fait vraiment malheureux», a finalement commenté Me Stephens. «Tout cela tourne au procès spectacle», s'est-il exclamé devant la presse.

M. Assange est abondamment critiqué à Washington - notamment par le président Barack Obama qui parle d'actes «déplorables» - pour avoir entrepris de publier une masse de documents diplomatiques confidentiels sur WikiLeaks. Il a été arrêté le 7 décembre à Londres dans une affaire d'agressions sexuelles présumées, remontant au mois d'août dernier en Suède. Il nie les faits.

«Il est très clair que le délit qui lui est reproché n'est pas extrêmement sérieux. On peut même arguer que l'accusation de viol ne tient pas», a considéré mardi Geoffrey Robertson, ténor du barreau venu renforcer l'équipe assurant la défense de Julian Assange.

L'avocat, qui a la double nationalité britannique et australienne, a notamment défendu dans le passé l'écrivain Salman Rushdie, cible d'une fatwa des religieux chiites iraniens.

Lui-même et son équipe soupçonnent la procédure suédoise d'être un leurre, ce que les autorités de Stockholm démentent.

Interviewé sur la chaîne de télévision Al-Jazira du Qatar lundi soir, Mark Stephens, a affirmé que la procédure en cours n'était «rien d'autre qu'un moyen de maintenir en détention» le fondateur du site, le temps que Washington dépose à son tour une demande d'extradition en vertu d'une loi contre l'espionnage.

Une vingtaine de manifestants s'étaient rassemblés en début d'après-midi devant le tribunal. Jo Hammond, 66 ans, brandissait une pancarte avec l'inscription: «Exposer des crimes de guerre n'est pas un crime!».

«Mes convictions ne faiblissent pas. Je reste fidèle aux idéaux que j'ai exprimés», avait déclaré Julian Assange avant sa comparution mardi, dans un communiqué dicté à sa mère, Christine. Cette dernière, arrivée mardi à Londres, a vécu en direct dans le prétoire la fausse sortie de son fils.