Assailli de toutes parts, WikiLeaks a riposté hier avec des attaques informatiques, tout en s'interrogeant sur son avenir sans son fondateur Julian Assange. Un groupe de pirates informatiques a monté des attaques contre des entreprises qui ont résilié leur contrat avec WikiLeaks, comme MasterCard, PayPal et Amazon, contre l'ex-candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin, ainsi que l'avocat des deux femmes ayant porté plainte pour viol contre M. Assange.

L'organisme a par ailleurs continué hier ses révélations, décrivant le trafic d'armes du Hamas qui transite par le Yémen et le Soudan, la collaboration américano-algérienne contre Al-Qaïda, les pressions britanniques sur l'Écosse pour que soit libéré le terroriste libyen responsable de l'attentat de Lockerbie et une proposition saoudienne de créer une force anti-Hezbollah au Liban.

La BBC rapportait hier que les paiements MasterCard ont été ralentis en Grande-Bretagne à cause de ces attaques, appelées DDoS (distributed denial of service, ou attaque par saturation). MasterCard, PayPal et le service postal suisse ont été victimes de DDoS parce qu'elles ont cessé de recueillir les dons à WikiLeaks. Amazon a été la première visée parce qu'elle a cessé de fournir de l'espace pour les serveurs de WikiLeaks, tout comme la firme EveryDNS, qui faisait le lien entre l'adresse Wikileaks.org et l'adresse IP de 32 bits. Selon le New York Times, ces attaques pro-Wikileaks étaient l'oeuvre d'Anonymous, un groupe de pirates informatiques.

Documents disséminés

Des attaques DDoS ont aussi visé les sites de WikiLeaks, sans qu'il soit possible de déterminer si elles provenaient des victimes de l'organisme, notamment le gouvernement américain. Par mesure de sécurité, Julian Assange a envoyé avant son emprisonnement à «plus de 100 000 personnes» les documents secrets qui n'ont pas encore été rendus publics, et près d'un millier de sites miroirs ont vu le jour pour assurer la pérennité des documents déjà dévoilés.

L'emprisonnement de M. Assange, qui s'est vu refuser une libération sous caution hier à Londres, pousse WikiLeaks à réviser son fonctionnement. La BBC rapportait hier que des rencontres secrètes ont lieu entre les lieutenants de M. Assange. De son côté, une porte-parole islandaise, Kristinn Hrafnsson, a affirmé hier dans un communiqué que WikiLeaks «ne sera pas bâillonné, ni par une action judiciaire, ni par la censure des entreprises», selon l'AFP. Mme Hrafnsson a aussi indiqué que les comptes bancaires islandais de WikiLeaks sont toujours ouverts. Le Guardian rapportait pour sa part que l'organisme a présentement un million d'euros en banque.