Moscou a fait part de sa «perplexité» mardi face aux plans de l'Otan, révélés par le site WikiLeaks, de protéger les trois États baltes contre une éventuelle agression russe, alors que l'alliance tentait de calmer le jeu, réaffirmant que la Russie n'était pas une menace.

«De telles publications suscitent un grand nombre de questions et la perplexité», a déclaré une source au ministère russe des Affaires étrangères, citée par l'agence Interfax, rappelant que la Russie et l'Otan ont récemment adopté une déclaration prévoyant notamment le non-recours de la force.

Cette source a ensuite souligné que l'Alliance atlantique ferait mieux de coopérer avec Moscou pour répondre «à des menaces réelles et non pas imaginaires».

L'Otan a élaboré des plans destinés à protéger les trois États baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie) de menaces provenant de Russie, selon des télégrammes diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks dont le contenu a été publié mardi par le quotidien britannique The Guardian.

Ce plan mis en place pour la Pologne par l'alliance a été étendu à ces trois États ex-soviétiques membres de l'Otan à leur demande, selon ces câbles datés de janvier 2010.

Le chef adjoint du comité de la Douma russe (chambre basse) pour les affaires étrangères, Léonid Sloutski, a pour sa part souhaité obtenir des explications officielles sur ce dossier.

Une source militaire russe, citée par Interfax, a de son côté largement minimisé l'importance de ces notes diplomatiques, estimant qu'elles n'avaient «rien dévoilé de neuf».

«Un plan d'actions stratégiques visant à détruire le groupement de troupes à Kaliningrad (enclave russe entre la Pologne et la Lituanie) a été élaboré par l'Otan il y a six ans», relève cette source.

L'Otan a répondu dans la journée de mardi aux interrogations russes en réaffirmant que les deux ennemis de la Guerre froide ne constituaient «pas une menace» l'un pour l'autre, même si elle juge normal «d'avoir les plans adaptés à la protection de tous les alliés».

«Nous voulons un vrai partenariat stratégique entre l'Otan et la Russie et nous agirons dans ce sens», a souligné la porte-parole Oana Lungescu.

La Russie et l'Otan, lors d'un sommet le 20 novembre à Lisbonne, se sont mis d'accord pour approfondir leur coopération sur l'Afghanistan et la défense antimissile, relançant ainsi des relations mises à mal par la guerre russo-géorgienne d'août 2008.

L'ambassadeur russe auprès de l'Otan Dmitri Rogozine a indiqué à l'AFP qu'il allait profiter d'un Conseil Otan-Russie avec ses collègues mercredi à Bruxelles pour les interroger sur cette apparente contradiction dans la posture de l'alliance occidentale.

«Je peux vous assurer que de notre côté nous n'avons installé aucune force militaire supplémentaire à Kaliningrad», bien que, a-t-il souligné, Moscou soit contre le projet d'installer des missiles antimissile Patriot en Pologne.

«Nous sommes au contraire pour des accords multiples permettant de réduire la présence militaire de part et d'autre de la ligne de contact entre nous et l'Otan, de manière à ce que ni l'Otan ni la Russie n'aient de potentiel offensif», a affirmé M. Rogozine.

Il a indiqué qu'il allait appeler mercredi ses homologues «à une accélération des travaux préliminaires des experts», pour déterminer la possibilité pour l'Otan et la Russie de collaborer à une défense antimissile.

«À cette fin, des experts russes sont attendus vers le 15 décembre à Bruxelles», a-t-il annoncé.