Habitué à défendre son site contre les attaques informatiques, le fondateur de WikiLeaks doit maintenant se battre pour sauver sa peau. Julian Assange tente de bloquer son extradition vers la Suède, qui pourrait le mener jusque devant les tribunaux américains. Malgré ses puissants admirateurs, ses chances de réussir sont minces.



Une myriade de flashs et des «Nous t'aimons!». L'apparition de Julian Assange à un tribunal de Londres mardi a provoqué une commotion normalement réservée aux vedettes hollywoodiennes. Après s'être livré à la police britannique en matinée, le cerveau de WikiLeaks a refusé d'être extradé en Suède.

L'air calme et confiant, un demi-sourire aux lèvres, il a salué de la main quelques journalistes lors de sa comparution.

Il a nié sa culpabilité aux accusations d'agression sexuelle, de coercition et de viol décrites au tribunal par la partie suédoise. Il a passé la nuit sous les verrous, en dépit des cinq garants, dont le cinéaste Ken Loach, qui proposaient de payer une caution de 290 000$. Le juge Howard Riddle a refusé de le libérer de crainte qu'il ne quitte l'Angleterre.

Devant une cohue de journalistes, son avocat a déclaré que d'autres mécènes se tenaient prêts. «Beaucoup de gens croient que ces accusations sont une machination», a dit Mark Stephens, avant d'assurer que la publication des 250 000 câbles diplomatiques américains se poursuivrait.

Jemima Khan, qui s'était portée garante, a nié connaître Julian Assange. «Je crois simplement que la liberté d'expression est un droit universel», a dit l'aristocrate, qui est ambassadrice de la Grande-Bretagne à l'UNICEF.

La procureure chargée du dossier, Marianne Ny, a rappelé mardi que le mandat d'arrêt lancé contre l'Australien de 39 ans n'avait rien à voir avec sa profession. «Rien n'indique qu'il s'agit d'un complot», a-t-elle affirmé.

À l'origine de cette affaire, deux mystérieuses femmes avec qui Julian Assange aurait eu des rapports non consensuels en Suède. Elles se sont présentées ensemble à la police le 20 août dernier.

La première soutient qu'il l'a agressée en usant de son poids, qu'il a violé son intégrité sexuelle et qu'il a refusé de porter un préservatif. Julian Assange aurait eu une relation sexuelle avec la seconde femme pendant qu'elle dormait.

«Une bonne nouvelle»

Avant de se rendre à la police, le grand blond se trouvait dans une situation de plus en plus précaire. Son compte en Suisse avait été fermé lundi, et MasterCard, Visa et PayPal venaient de couper les vivres à WikiLeaks.

Informé de son arrestation, le secrétaire de la Défense américain, Robert Gates a déclaré: «Voilà une bonne nouvelle.»

Les autorités britanniques disposent maintenant de 90 jours pour extrader Assange. Les experts s'accordent à dire que c'est inévitable. Même s'ils crient au complot, les avocats d'Assange pourront difficilement prouver que la justice suédoise ne sera pas équitable envers lui.

Dans une lettre publiée mardi dans le quotidien The Australian, peut-être sa dernière écrite en liberté, Julian Assange cite le magnat de la presse Rupert Murdoch: «Dans le bras de fer entre le secret et la vérité, il semble inévitable que la vérité l'emporte toujours.»