Le site WikiLeaks a publié une liste secrète de sites industriels et infrastructures sensibles à travers le monde que les États-Unis veulent protéger d'attaques terroristes, car leur perte, selon le département d'État, «affecterait de manière significative» la sécurité américaine.

Dans une autre note diplomatique mise en ligne par WikiLeaks, l'ancien Premier ministre australien Kevin Rudd avait qualifié les dirigeants chinois de «paranoïaques» et demandé aux États-Unis de se tenir prêts à recourir à la force en Chine si les choses tournaient mal.

Autant de révélations qui devraient mettre Washington encore plus dans l'embarras et renforcer les critiques envers Julian Assange, fondateur de WikiLeaks.

Le câble du département d'État datant de février 2009 demande aux représentations diplomatiques américaines de recenser les «infrastructures sensibles et ressources clés» à l'étranger «dont la perte affecterait de manière significative la santé publique, la sécurité économique et/ou la sécurité nationale des États-Unis».

La mise à jour de cette liste visait à «prévenir, dissuader et neutraliser ou atténuer les effets d'actes terroristes visant à détruire, bloquer ou exploiter» ces infrastructures.

Dans cette liste publiée dans la nuit de dimanche à lundi et qui couvre de nombreux pays, à l'exception des États-Unis, figurent des câbles sous-marins de télécommunications, des ports, des barrages, des oléoducs et gazoducs, des mines et des entreprises fabriquant notamment des produits pharmaceutiques importants pour la santé publique.

Contenant des centaines de sites et infrastructures sensibles, la liste couvre tous les continents. Outre des infrastructures stratégiques, elle recense entre autres le canal de Panama, une mine de cobalt au Congo, d'autres mines en Afrique du Sud et Amérique latine ainsi que des entreprises pharmaceutiques produisant des vaccins au Danemark, en Italie, en Allemagne et en Australie.

Concernant la France, la liste cite notamment les groupes pharmaceutiques Sanofi-Aventis, EMD Pharms, GlaxoSmithKline à Evreux, Diagast (réactifs pour les groupes sanguins) et Sanofi Pasteur, qui produit des vaccins contre la rage, ou le groupe industriel Alstom.

Elle évoque également les points d'arrivée de câbles de télécommunication transatlantiques, à Plérin et Lannion et dans deux sites outre-Mer, points d'arrivée du câble sous-marin Americas-II, l'un à Cayenne, en Guyane, et l'autre au Lamentin, en Martinique (Antilles françaises).

La liste mentionne trois sites sensibles au Royaume-Uni appartenant au groupe britannique BAE Systems, numéro un mondial de l'armement et de la défense.

Le gouvernement britannique a «condamné sans équivoque» cette nouvelle «publication non autorisée d'informations secrètes». «Ces fuites et leur diffusion sont préjudiciables à la sécurité nationale aux États-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs», a déclaré un porte-parole de Downing Street.

WikiLeaks, site créé par l'Australien Julian Assange, spécialisé dans la révélation de documents secrets, a commencé le 28 novembre la diffusion progressive de 251 287 télégrammes diplomatiques américains.

Les fuites ont provoqué l'émoi dans de nombreux pays, dont les États-Unis qui les ont qualifiées de «criminelles» et étudient la possibilité de poursuites contre M. Assange.

La traque de M. Assange, recherché dans une affaire de viol en Suède, semble avoir «des motivations politiques», a estimé dimanche un de ses avocats, Me Mark Stephens, opinion contestée par le procureur suédois.

Me Stephens s'est aussi dit inquiet d'une possible extradition de Julian Assange vers les États-Unis, une fois qu'il aura été arrêté et confié à la police suédoise.