Les Etats-Unis se préparent à organiser un vaste remaniement de leur personnel diplomatique afin de muter les fonctionnaires identifiés dans les notes internes révélées par WikiLeaks, a affirmé dimanche un site internet américain.

«L'administration Obama a programmé un remaniement majeur de ses effectifs diplomatiques, militaire et du renseignement dans les ambassades américaines du monde entier, jugeant que WikiLeaks a rendu leur travail impossible voire dangereux», écrit le site The Daily Beast, spécialisé dans la politique américaine.

Interrogée sur l'éventuelle mutation de diplomates, une porte-parole du département d'Etat, Leslie Phillips, a déclaré: «nous avons déjà dit que nous le ferions si nécessaire».

Le sénateur John Kerry, qui préside la puissante commission des affaires étrangères a aussi reconnu qu'il y aurait peut-être des retombées.

«Il est possible que dans certains endroits, les gens disent qu'ils ne peuvent pas travailler avec eux (les diplomates incriminés ndlr)», a-t-il déclaré sur l'émission «Meet the Press» de la chaîne NBC.

Selon The Daily Beast, qui cite des responsables anonymes de l'administration, partiront en priorité les fonctionnaires identifiés nommément dans les 250.000 dépêches diplomatiques que WikiLeaks a commencé à diffuser la semaine dernière.

«Nous allons devoir déplacer certains de nos meilleurs éléments parce qu'ils ont osé dire la vérité sur le pays où ils travaillent», a remarqué un haut responsable de la sécurité nationale cité par The Daily Beast.

Selon le site, Washington va s'efforcer de prendre les devants en mutant les responsables grillés par le scandale sans attendre qu'ils soient déclarés persona non grata dans le pays où ils se trouvent.

Si un tel cas de figure devait se présenter, «ce serait plus compliqué car nous devrions alors répondre» en expulsant un diplomate du pays en question, a observé le responsable cité par le site.

Karl Eikenberry, l'ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan, dont les notes sur la corruption au plus haut niveau du gouvernement et son sévère jugement du président Hamid Karzaï, pourrait être l'un des premiers à partir.

Zalmay Khalilzad, un prédecesseur d'Eikenberry sous l'administration Bush a jugé qu'il devait partir.

«Il fait un bon travail mais il n'est plus un interlocuteur valable après les fuites», a jugé M. Khalilzad sur l'émission d'ABC «This Week».

Pour lui, seule une équipe nouvelle pourrait rebâtir une relation de travail avec le gouvernement afghan.

Un autre candidat au départ semble être l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Gene Cretz, qui, dans une note adressée en 2009 à Washington, assurait que le colonel Mouammar Kadhafi ne se déplaçait jamais sans «une blonde voluptueuse» d'origine ukrainienne.