Les États-Unis soupçonnaient en 2009 le ministère de la Défense du Yémen de leur avoir caché l'existence d'un stock de missiles anti-aériens portatifs, qui entre de mauvaises mains s'avèreraient une arme redoutable, selon une note diplomatique obtenue par Wikileaks.

Dans un télégramme classé «secret», daté du 4 août 2009 et publié vendredi par le New York Times, l'un des informateurs des Américains, dont le nom a été effacé, explique à ses officiers traitants que «le ministère de la Défense dispose bien de ces missiles, mais qu'il n'en parlerait pas parce qu'ils sont considérés comme un secret d'État».

C'est ce type de missile anti-aérien, fourni aux résistants afghans dans les années 80, qui leur a permis de reprendre l'initiative contre l'armée soviétique et de la forcer à la retraite.

Selon la note, les agences de renseignement, comme la National Security Bureau (NSB), une agence yéménite proche des États-Unis selon le quotidien, sont convaincues que ce stock existe.

Lors d'une rencontre entre Stephen Seche, l'ambassadeur américain et le ministre de la Défense Mohammad Nasser Ahmed Ali, ce dernier a «démenti que le ministère de la Défense détient des MANPADS (les missiles anti-aériens portatifs, ndlr) dans ses stocks officiels», ajoutant qu'ils avaient déjà été détruits.

Un démenti qui n'a pas convaincu les diplomates américains.

Le ou les diplomates qui ont rédigé la note reconnaissent toutefois qu'«il est difficile de savoir quoi penser de l'existence ou non de missiles anti-aériens tirés à l'épaule (MANPADS)».

Les diplomates ont donc décidé de reprendre les négociations avec le ministère pour «faire détruire ces missiles» par le truchement de la NSB.

La branche yéménite d'Al-Qaïda (Al-Qaïda dans la péninsule arabique ou Aqpi) est l'une des plus dynamiques du réseau d'Oussama ben Laden et les États-Unis ont très peur que ces armes ne tombent entre leurs mains.

Des missiles anti-aériens portatifs ont déjà été utilisés par Al-Qaïda au Kenya, en Arabie Saoudite et au Yémen en 2001 et 2002, rappelle la note diplomatique.

Un programme lancé en août 2004 par les États-Unis a permis de détruire 1161 missiles récupérés sur le marché noir yéménite. Entre 2005 et 2009, 102 missiles supplémentaires ont été acquis et désarmés, précise la note

Malgré le doublement du prix payé pour mettre la main sur ces armes (de 7700 à 15 000 dollars), le directeur adjoint du NSB, qui informe les Américains, doute que les chefs de tribu ne les vendent. Il estime aussi qu'Aqpa pourrait disposer de six de ces engins, qui ne fonctionneraient toutefois plus.